Mémorial des Policiers français Victimes du Devoir

« Il y a quelque chose de plus fort que la mort,
c’est la présence des absents dans la mémoire des vivants. »

Jean d’ORMESSON

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Brigadier

Jean-Yves RUELLE

Victime du Devoir le 07 décembre 1979

Département

Paris (75)

Affectation

Sécurité Publique (PP) — Paris - Compagnie de Sécurité de Nuit

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Circonstances

Cause du décès

Homicide par arme à feu

Contexte

Interpellation(s) d'individu(s)

Dans la nuit du jeudi au vendredi 7 Décembre 1979, un équipage de la Compagnie de Sécurité de Nuit (CSN) de la Préfecture de Police repérait une Peugeot 104 de couleur claire occupée par deux individus, roulant au pas dans les rues de la rive gauche de la capitale.

Ces derniers inspectaient les véhicules en stationnement et semblaient jauger les rares piétons ; une attitude suffisamment suspecte qui incitait les policiers à enclencher le gyrophare et la sirène deux-tons pour procéder à leur contrôle.

Le conducteur du véhicule, qui s’avèrerait volé dix jours plus tôt, accélérait et refusait d’obtempérer ; il empruntait la Rue Monge et s’immobilisait dans l’impasse formée par le Square Adanson à Paris (Ve).

Les bandits abandonnaient la 104 mais furent aussitôt cernés. Le brigadier Jean-Yves Ruelle, trente-trois ans, vint ceinturer le conducteur, Serge Attuil, vingt-deux ans. Ce dernier saisissait un revolver modèle 1892 calibre 8mm, et tirait à bout touchant sur le policier, le blessant mortellement.

Le malfaiteur Philippe Maurice, vingt-trois ans, tirait à plusieurs reprises avec un pistolet semi-automatique Luger P08 calibre 9mm ; il blessait mortellement le gardien de la paix Gérard Croux, trente-deux ans, lequel n’avait pas pu dégainer son arme de service à temps.

Maurice tirait encore sur le troisième agent, qui venait de riposter et de blesser mortellement Attuil. Il prenait la fuite à travers la résidence via la rue de la Clef. Vingt cinq coups de feu ont été tirés en l’espace de quelques secondes.

Le corps sans vie du bandit Attuil fut effectivement découvert par un équipage venu en renfort à l’intersection de la rue Monge. Les enquêteurs de la brigade criminelle découvraient des faux documents d’identité ainsi qu’un répertoire téléphonique comportant des adresses.

A la lueur du jour, ils constataient que Maurice avait laissé sur son parcours des indices qui s’avèreront déterminants.

Le service de l’identité judiciaire révélait la véritable identité d’Attuil ; l’environnement du bandit très défavorablement connu de la justice fut exploité et emmenait les enquêteurs sur la piste de Maurice, son complice de toujours.

En outre, l’exploitation du répertoire téléphonique retrouvé sur Attuil aboutit à un témoignage décisif, permettant de loger et de confondre le fugitif.

Maurice fut interpellé alors qu’il regagnait une chambre d’hôtel de la rue Jean-Lantier, près du Châtelet. La perquisition permit de découvrir des preuves compromettantes, révélatrices d’une activité criminelle soutenue, et du pistolet P08 qui a servi dans la fusillade.

Condamné en juin 1978 pour vols de véhicules et faux monnayage à cinq ans de prison, Maurice avait bénéficié d’une permission de sortie en avril 1979 pour bonne conduite.

L’enquête minutieuse démontrait que Maurice mit à profit cette sortie anticipée dans une lamentable série de vols qualifiés commis avec Attuil, son ami d’enfance.

Le duo fut relié à un meurtre et d’une tentative de meurtre sur deux veilleurs de nuit, survenus le 26 septembre, alors qu’ils étaient surpris en flagrant délit de vol de véhicule dans les sous-sols du Grand Pavois, complexe immobilier parisien du 15e arrdt.

Le 28 octobre 1980, la cour d’assises de Paris condamna Maurice à la peine de mort. Le 24 février suivant, il obtenait par l’entremise de son avocate la fourniture d’une arme de poing de calibre 11,43 et tenta une évasion du quartier des condamnés à mort de la prison de Fresnes. Il tira à trois reprises sur le surveillant-chef Jacques Bouvier, quarante-et-un ans, le blessant très grièvement.

Le 25 mai, six condamnés à mort, dont Maurice, furent graciés par le Président de la République et leurs peines officiellement commuées à réclusion criminelle dite à perpétuité. La peine capitale est officiellement abolie le 18 Septembre de cette même année.

Le 25 février 1982, Maurice fut condamné à 16 ans de réclusion criminelle par la cour d’assises de Paris aux chefs de “tentative d’évasion, tentative d’assassinat commises un an plus tôt avec les complicités de son frère Jean-Jacques Maurice et de son avocate Brigitte Hemmerlin, laquelle se voyait condamnée à 5 ans de prison.

Le 28 juin 1982, Maurice fut condamné à 18 ans de réclusion criminelle par la cour d’assises de Paris pour son implication dans le meurtre de Mohamed Kaouche et la tentative de meurtre de Mohamed Hachemi, simples veilleurs de nuit.

Le 8 mars 2000, Maurice était libéré de prison.

Biographie

Direction d'emploi

Préfecture de Police

Corps

Encadrement — Application

Type d'unité

Unité d'Appui Opérationnel — Service Spécialisé

Titres et homologations

Citation à l'Ordre de la Nation

Né le 4 septembre 1946 à Solesmes (Nord) de Henri Ruelle et Nelly Renaux ; domicilié à Epinay-sous-Sénart (Essonne) ; époux de Marinette Ryckewaert, enceinte de son troisième enfant.

Sources et références

BODMR n° 05 du 12/03/1980 ; BODMR n° 04 du 21/02/1980 ; La Compagnie de Sécurité de Nuit, Amical Police Patrimoine ; “L’affaire Ruelle-Croux — De l’Antigang à la Criminelle: Un grand flic ouvre ses dossiers – éditions Plon (2000) — Archive Le Monde du 19/09/1982, “La cavale d’un solitaire” — Archive Le Monde du 01/07/1982, “Philippe Maurice condamné à dix-huit ans de réclusion criminelle” /Archive Le Monde du 30/06/1982, “Aux assises de Paris, le troisième procès de Philippe Maurice” — Archive Le Monde du 20/02/1982, “L’ingénue avocate” — Archive Le Monde du 26/02/1981, ” […] Une avocate de Philippe Maurice entendue par la justice” — Archive Le Monde du 30/10/1980, “Philippe Maurice est le premier condamné à mort depuis dix-sept ans à Paris” — Archive Le Monde du 24/10/1980, “Philippe Maurice est jugé pour le meurtre d’un policier” — Archive Le Monde du 11/12/1979, “Un meurtrier de vingt-trois ans” — Archive Le Monde du 10/12/1979, “L’un des meurtriers des policiers […] était un détenu permissionnaire en fuite” — Paris Match 1662 (avril 1981)

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