Mémorial des Policiers français Victimes du Devoir

« Il y a quelque chose de plus fort que la mort,
c’est la présence des absents dans la mémoire des vivants. »

Jean d’ORMESSON

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Gardien de la paix

Claude HOCHARD

Victime du Devoir le 22 novembre 1983

Département

Paris (75)

Affectation

Sécurité Publique (PP) — Paris - Compagnie Motocycliste

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Circonstances

Cause du décès

Homicide par arme à feu

Contexte

Interception de véhicule

Au cours de la nuit du lundi au mardi 22 Novembre 1983, deux motards de la Préfecture de police de Paris remarquaient, à proximité de la Place de la Concorde, une moto rouge circulant avec un défaut de feu de position arrière. Le pilote était intercepté sans difficulté près de l’Arc de Triomphe.

Dépourvu de document officiel pour justifier son identité, le contrevenant qui se sait recherché dans tout l’hexagone donnait un faux nom. Expérimentés, les motards décidaient de procéder à une vérification, et lui demandaient de les suivre jusqu’à la pré-fourrière de Balard.

Alors que l’agent qui ouvrait la voie avec sa moto s’engageait le premier dans la pré-fourrière ; le suspect en profitait pour prendre la fuite. Surprenant la manoeuvre, le second motard le poursuivait sur les grands boulevards extérieurs.

Le suspect prit tous les risques jusque dans les Bois de Boulogne, où il provoquait un accident dans l’allée de la Reine-Marguerite.

Il saisissait un revolver qu’il dissimulait sous la selle et tirait à trois reprises. Le gardien de la paix Claude Hochard, trente ans, fut blessé mortellement par deux projectiles de 7,65 à la poitrine. Le policier était néanmoins parvenu à blesser par balle son agresseur avant qu’il ne prenne à nouveau la fuite.

Les recherches effectuées par l’ensemble des unités de la police parisienne restèrent vaines. Les enquêteurs identifiaient rapidement le meurtrier comme étant Lionel Cardon, vingt-cinq ans.

Cardon était recherché pour un double homicide commis en Gironde durant l’automne, dans le contexte d’un cambriolage qui a tourné à la séquestration d’un couple de châtelains.

Cardon remit un communiqué à l’agence France-Presse pour justifier le meurtre du policier dans le prétendu cadre de la légitime défense, et se dire totalement innocent des assassinats commis en Gironde.

Le jour des obsèques de Claude Hochard, Cardon prenait en otage une avocate, Me Dreyfus, dans son cabinet de la Rue Nicolo à Paris (XVIIIe). Étaient présentes également sa secrétaire, et une journaliste qu’il avait lui-même convoquée pour une interview.

La séquestration se soldait par une confrontation armée entre des policiers du commissariat de l’arrondissement. Un brigadier de police fut grièvement blessé par balle. La brigade de recherche et d’intervention dépêchée sur place obtenait la reddition du forcené.

Le 16 Avril 1986, la cour d’assises de Paris condamna Cardon à la réclusion criminelle dite à perpétuité pour le meurtre du brigadier Hochard. Le 14 décembre suivant, il fut condamné une seconde fois avec la même peine pour complicité dans les assassinats des époux Aran à Pessac (Gironde).

Le détenu Cardon tentait une évasion de la prison de Fresnes en 1989, puis une prise d’otage en 1991 à la maison centrale de Saint-Maur.

En octobre 2012, Cardon bénéficiait d’un régime de semi-liberté, puis d’une libération conditionnelle qu’il ne respecta pas dès 2013 en ne se présentant pas devant le juge. Il commit plusieurs vols à main armée dans la région toulousaine avant d’être repris le 22 octobre 2015.

En 2020, la cour d’assises du Tarn le condamna en appel à 18 ans de réclusion criminelle.

Biographie

Direction d'emploi

Préfecture de Police

Corps

Encadrement — Application

Type d'unité

Unité de l'Ordre Public — Sécurité Routière

Spécialité

Unité Motocycliste

Titres et homologations

Citation à l'Ordre de la Nation

Croix de la Légion d'Honneur

Né le 16 février 1953 à Paris (Xe) de René Hochard (professeur technique) et de Christiane Chevalier (comptable) ; époux de Martine Alligant, père de deux enfants. Domicilié à Gentilly (Val-de-Marne).

Claude Hochard était décrit comme quelqu’un de rayonnant, toujours souriant. Surnommé amicalement “La Fonte” par ses pairs, il était un sportif passionné d’haltérophilie ; deux jours avant sa mort, il avait remporté le titre de champion de France dans sa catégorie.

Entré dans l’administration en 1974, il était affecté aux équipes de répression spéciale de nuit de la Compagnie Motocycliste de la Préfecture de police, basée Rue Chanoinesse.

Le 15 Septembre 1984, son mariage posthume avec Martine Alligant fut célébré à la mairie du 15ème arrondissement de Paris, consentement rendu possible par décret du Président de la République.

Cité à l’ordre de la Nation [1] ; nommé au grade de Chevalier de la Légion d’Honneur [2] ; promu brigadier de police à titre posthume ; médaille d’Honneur de la Police Nationale ; médaille des actes de courage et de dévouement, échelon or.

Sources et références

BODMR n° 07 du 28/04/1984
[1] JORF du 24/11/1983, page 3407, “Citation à l’ordre de la nation” — [2] JORF du 28/12/1983, page 3862, “Décret portant nomination exceptionnelle” — Emission de Jacques Pradel, RTL du 11/11/2015 “L’affaire Lionel Cardon” — Émission “Faites entrer l’accusé”, “La folle cavale de Lionel Cardon” — Le Monde, article du 23/11/1983, “Le principal suspect de l’affaire de Pessac avoue le meurtre d’un policier à Paris” — Le Monde, article du 25/11/1983, “Lionel Cardon retient 3 personnes en otages, un brigadier grièvement blessé” — Le Monde, article du 18/09/1984, “Oui posthume” — Le Monde, article du 08/04/1986, “Lionel Cardon devant les assises de paris” — Le Monde, article du 18/04/1986, “Lionel Cardon condamné à la réclusion perpétuelle” — Le Monde, article du 16/12/1986, “Lionel Cardon est condamné à la réclusion criminelle à perpétuité”

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  1. J’ai très bien connu sa femme et sa fille qui sont mes amis

  2. Claude Hochard était un ami d’enfance et, en octobre 1970, il est devenu mon beau-frère. Moi, je faisais mon service militaire et ma sœur voulait qu’au mariage je sois en militaire ; lui après son service militaire, il est entré dans la Police Nationale ; moi je travaillais aux PTT en 1974. J’ai eu ma fille et je venais de rentrer dans la Police Nationale à mon tour sur les conseil de Claude. C’était un fou de motos. Je me rappelle un jour il venait d’en acheter une, il est tout juste rentré chez lui et la moto HS donc dans la police ; il a tout fait pour être motard et il y est arrivé. Il était fier d’être motard de la Police Nationale et dans l’équipe de nuit. Le jour de sa mort, l’équipe qui devait être de trois s’est retrouvée à deux dans cette affaire. L’administration a des tords car s’ils avaient été trois, le drame ne se serait pas passé. Lors de ses obsèques dans la cour du 19 aout 1945 à la PP, je me trouvais à coté du commissaire Broussard. J’ai suivi Claude dans sa dernière demeure en Charente-Maritime. Je ne l’oublierai jamais et mes souvenirs resteront les bons moments que nous avons passés ensemble.

  3. On ne se remet jamais de la mort d’un ami… Un frère de cœur… La blessure reste là au fond du cœur… Elle s’ouvre de temps au gré des émissions de TV ou radio retraçant la vie de ce tristement célèbre Lionel Cardon !
    La dernière sur RTL “L’heure du crime” jeudi 9 Décembre fait à nouveau saigner la blessure enfouie depuis toutes ces années quand l’avocat de Cardon le dépeint comme un pauvre jeune homme qui n’a pas eu de chance dans sa vie et que l’on a pas laissé réaliser son rêve : ouvrir une salle de boxe!!!
    Claude Hochard avait 30 ans et son rêve à lui était de voir grandir ses filles et faire longtemps ce métier dont il était si fier!

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