Mémorial des Policiers français Victimes du Devoir

« Il y a quelque chose de plus fort que la mort,
c’est la présence des absents dans la mémoire des vivants. »

Jean d’ORMESSON

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Inspecteur principal

Charles MARTEAU

Victime du Devoir le 24 mai 1979

Département

Alpes-Maritimes (06)

Affectation

Police Judiciaire — Nice

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Circonstances

Cause du décès

Homicide avec arme par destination

Contexte

Interception de véhicule

Au cours de la nuit du mercredi au jeudi 24 mai 1979, la Brigade de Recherche et d’Intervention de Nice (Alpes Maritimes) procèdait depuis plusieurs jours à une surveillance discrète d’un trio de malfaiteurs suspectés de préparer un braquage d’envergure dans la région.

Si la théorie d’un enlèvement contre rançon se profilait, les écoutes téléphoniques n’apportaient aucun indice, sinon que l’opération était désormais imminente. S’agissant d’anciens militaires, le trio fut effectivement observé alors qu’il chargeait de sacs remplis d’armes une Simca 1100 et une Audi.

L’un d’eux fut identifié comme étant Richard Ughetto, vingt-deux ans, fiché au grand banditisme corso-marseillais. Ce dernier empruntait désormais avec ses complices la route de Grenoble jusque dans l’arrière pays niçois sans se douter qu’ils étaient pris en filature par cinq véhicules de la BRI, se relayant régulièrement. Moins d’une heure plus tard, les malfaiteurs empruntaient la route de la Vallée de la Vésubie.

Il fit nuit noire sur la route montagnarde en direction de Lantosque, lorsque le sinistre trio stoppa sa progression. Le conducteur de la Simca stationna le véhicule et rejoignit ses deux complices dans l’Audi. Les conditions ne permettaient pas d’approcher d’avantage les individus, les policiers les perdirent de vue alors qu’ils roulaient tous feux éteints pour ne pas être repérés. Ils décidaient de rester près de la Simca, la considérant à l’évidence comme un véhicule relais pour le retour de leur mystérieuse opération.

Rusés, les policiers avaient pris soins de débrancher la batterie de la Simca. Vers trois heures du matin, le conducteur de l’Audi déposa ses deux complices à une trentaine de mètres de la “souricière” et repartit aussitôt. Ces deux derniers s’installèrent dans la Simca, qui ne démarra pas : interpellations.

Les deux voyous se montrèrent évidemment peu bavards…
Les policiers attendaient désormais le retour d’Ughetto à bord de l’Audi. Pour rejoindre Nice, il n’eut d’autre choix que d’emprunter un pont surplombant la Vésubie à hauteur du lieu-dit Le Fourcat. Alors que les policiers échafaudaient un plan, les phares de l’Audi furent repérés à nouveau. Les policiers décidèrent d’emprunter le pont dans le même temps pour lui barrer la route.

Montés à bord d’une Renault 30, le commissaire principal Georges Moréas, quarante-deux ans, et l’inspecteur principal Charles Marteau, trente-trois ans se placèrent devant l’Audi tandis qu’une autre équipe vint se placer à l’arrière. Ughetto réagit très vite et tira à plusieurs reprises à travers le pare-brise avec un pistolet de calibre 11,43mm. Les policiers ripostaient difficilement en prenant garde d’éviter un tir croisé. Au terme de la fusillade, Ughetto parvint à s’enfuir en escaladant le parapet du pont et un inspecteur de la BRI fut blessé par balle.

Encore abasourdis, les policiers constatèrent alors la disparition pure et simple de “Charlie” Marteau et le recherchèrent toute la nuit, en vain. Dans l’obscurité, ce dernier aurait chuté du parapet en poursuivant Ughetto et plongé dans le ravin.

Le 28 mai, la Vésubie rendait le corps sans vie du policier avec un important traumatisme crânien.

Ughetto fut interpellé avec le concours de la gendarmerie locale, équipés de chiens et d’un hélicoptère. Blessé par quatre projectiles, il cavalait dans la vallée de la Vésubie encore équipé de son gilet pare-balle. Il resta muet sur l’opération qui se préparait cette nuit là.

En octobre 1981, la cour d’assises des Alpes-Maritimes condamna Ughetto à dix ans de réclusion criminelle. La mort de l’inspecteur Marteau ne lui a pas été imputée.

Le 28 décembre 1994, le malfaiteur, alors âgé de trente-neuf ans, fut abattu de plusieurs balles par trois hommes cagoulés alors qu’il regagne son véhicule stationné sur le front de mer au centre-ville de Nice.

Biographie

Direction d'emploi

Police Judiciaire

Corps

Inspecteurs — Enquêteurs

Type d'unité

Force d'Intervention

Titres et homologations

Citation à l'Ordre de la Nation

Né le 19 novembre 1945 à Fez (Maroc) ; marié, père d’un enfant.

Cité à l’ordre de la nation ; nommé inspecteur divisionnaire de police à titre posthume ; médaille d’or des actes de courage et de dévouement ; médaille d’Honneur de la Police Nationale.

Page réalisée avec l’aimable autorisation de la famille Marteau.

Sources et références

BODMR n° 05 du 12/03/1980
BODMR n° 12 du 29/08/1979
Crédit photo : Nelly Antonelli (DR)
Entretiens avec Olivier Marteau et Georges Moréas
Journal officiel du 31/05/1979, page 1263, “Citation à l’ordre de la nation”
La PJ de 1980, par Georges Moréas — Sulak par Philippe Jaenada – éd. Borché 2013

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  1. Grand hommage à vous…Je sais que votre fils Olivier ne vous oubliera jamais dans son cœur…Lui que j’ai rencontré il y a plusieurs années déjà.C’est un bon policier votre fils
    Vous pouvez être fier de lui !
    Courage à toute votre famille
    Hoffmann Christ

  2. DIDIER FOUGERE, fils du commissaire divisionnaire à Rochefort s/mer. Charlie souhaitant intégrer un poste dans la Police discutait quelquefois sur le sujet. Je le connaissais aussi. Bravoure pour cette mission ne m’étonne pas du tout, au péril malheureusement de sa propre vie ! RIP Charlie !

  3. Je suis très heureuse de lire cet article, en effet étant la nièce de Charles MARTEAU, je suis fière que l’on parle de ma famille et particulièrement de mon oncle.

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