Hommage à Denis HOOG, victime du devoir il ya 30 ans

29  juillet  2025

Denis HOOG

« Ce jour-là, on a perdu un frère d’armes, confie Michel LOISEAU. Je pense à Denis chaque année à la même date. Le retentissement psychologique a été énorme pour nous les policiers, mais également pour nos familles. »

Le 29 juillet 1995, notre collègue Denis HOOG, 40 ans, était abattu par des malfaiteurs lourdement armés, surpris en plein braquage de banque à Thonon-les-bains. Deux autres policiers étaient grièvement blessés, dont notre ami Michel.

A la demande de ce dernier, une plaque commémorative a été dévoilée en ce triste jour anniversaire sur l’un des murs de l’agence, en accord avec la Ville de Thonon-les-Bains, la Police nationale et le Crédit Agricole des Savoies.

Un rappel des faits sur son mémorial.

Ci-dessous la retranscription de l’article paru sur le Dauphiné Libéré.

Il y a 30 ans, le braquage mortel de Thonon : le souvenir intact des policiers de Thonon-les-Bains
29 juillet 1995. Une journée d’été bascule dans la tragédie. Ce samedi matin dans l’agence du Crédit Agricole située avenue des Prés Verts, une attaque à main armée tourne au cauchemar.

Trente ans plus tard, le souvenir de ce braquage meurtrier reste gravé dans les mémoires, notamment dans celles des policiers présents ce jour-là, comme le sous-brigadier Michel Loiseau ou le sous-brigadier Jean-Pierre Picot, qui n’oublieront jamais l’ampleur de la violence ni la perte de leur collègue, le sous-brigadier Denis Hoog.

L’attaque, menée en plein jour, lui a coûté la vie et marqué à jamais les esprits. À l’approche de la commémoration officielle, les témoins de cette tragédie — policiers, élus et habitants — se remémorent les faits, les émotions et les conséquences durables de cette journée noire.


Une attaque minutieusement préparée

Tout commence la veille, dans la nuit du vendredi au samedi. Des malfaiteurs s’introduisent dans l’agence bancaire après avoir scié les barreaux d’un vasistas. Cachés à l’intérieur, ils attendent patiemment l’ouverture. Vers 8h30, six employés et deux clientes arrivent. Deux individus cagoulés et lourdement armés surgissent : tout le monde est pris en otage.

Les braqueurs somment les employés de vider les coffres, mais l’alarme silencieuse est déclenchée. C’est cette alerte qui parvient jusqu’au commissariat local, comme le raconte Michel Loiseau :
« Nous venions de rentrer au commissariat quand un appel est tombé. C’est Denis Hoog qui a décroché. Je l’ai vu pâlir. Il m’a dit : “Une alarme s’est déclenchée au Crédit Agricole.” »

Sans attendre, Michel saisit son arme et embarque l’inspecteur-trice Albert à bord d’une voiture banalisée. Lorsqu’ils arrivent sur place, rien ne semble anormal. Une deuxième voiture de police arrive peu après, avec trois agents : Denis Hoog, Jean-Pierre Picot et Dominique Rougerie. La tension est palpable.
« En trois secondes, la décision est prise : on s’éparpille pour couvrir une plus large zone », raconte Michel Loiseau.


Un complice ouvre le feu à la Kalachnikov

Un complice posté à l’extérieur ouvre soudainement le feu à la Kalachnikov.
« Nous étions tournés vers l’intérieur de la banque. On ne s’attendait pas à ce que le danger vienne de dehors. »
Michel tente de se mettre à l’abri :
« Je me suis réfugié derrière une 2 CV. Une balle m’a traversé la jambe. Une autre m’a entaillé l’arcade. Puis… plus rien. C’est dans l’ambulance que j’ai entendu à la radio l’annonce d’un “Delta Charlie Delta”. J’ai alors compris qu’un homme avait payé de sa vie son engagement envers la nation. »

Jean-Pierre Picot, lui aussi sur place, se souvient :
« Nous étions des policiers avec déjà des années d’expérience. Mais rien ne nous avait préparés à l’assaut. J’ai appris lors du jugement qu’il y avait 40 douilles de tirées. On nous a tirés dessus à l’arme automatique. Il n’y avait pas de communication directe entre la police, la gendarmerie et la PAF (police aux frontières).
Denis Hoog était non seulement mon collègue mais aussi mon ami. Il avait été témoin à mon mariage. Son souvenir est gravé en moi. »


Une ville marquée à jamais

Le brigadier-chef Denis Hoog, 40 ans, est tué. Deux autres policiers sont blessés. Les braqueurs s’enfuient sans leur butin, à bord d’une Renault 21 retrouvée plus tard. La ville est sous le choc.
« Nous avions organisé les obsèques place de l’Hôtel de Ville, avec le déplacement du ministre Jean-Louis Debré », se souvient Jean Denais, maire de l’époque.

Trente ans plus tard, l’émotion est intacte :
« Ce jour-là, on a perdu un frère d’armes, confie Michel Loiseau. Je pense à Denis chaque année à la même date. Le retentissement psychologique a été énorme pour nous les policiers, mais également pour nos familles. »

À la demande de Michel Loiseau, une plaque commémorative sera dévoilée ce mardi 29 juillet à 11 heures, sur l’un des murs de l’agence, en accord avec la Ville, la police nationale et le Crédit Agricole.
— Tamara Vincent


L’info en + : Trois suspects identifiés grâce à des éléments retrouvés dans la voiture des fuyards

L’enquête, confiée à la police judiciaire d’Annecy avec l’aide du SRPJ de Lyon, permet d’identifier trois suspects grâce à des éléments retrouvés dans la voiture des fuyards : une arme, des douilles, une perruque… et un cheveu porteur d’ADN. Les cambrioleurs seront arrêtés à la suite d’une dénonciation.

En mars 2001, René Salaün (54 ans), ex-braqueur sorti de prison peu avant les faits, Pierre Pallatin (47 ans) et Nadir Dzambas (27 ans) sont jugés à Chambéry. Ils nient les faits, mais les preuves sont accablantes.
Salaün est condamné à la réclusion criminelle à perpétuité, Pallatin écope de 20 ans et Dzambas de 15 ans. Les peines sont confirmées en appel en 2002.

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