Mémorial des Policiers français Victimes du Devoir

« Il y a quelque chose de plus fort que la mort,
c’est la présence des absents dans la mémoire des vivants. »

Jean d’ORMESSON

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Brigadier-chef

Raymond THIBERT

Victime du Devoir le 25 mai 1978

Département

Côte-d'Or (21)

Affectation

Compagnies Républicaines de Sécurité - C.R.S. N°40 - Plombières-lès-Dijon

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Circonstances

Cause du décès

Homicide par arme à feu

Contexte

Guerre — Terrorisme

En janvier 1975, deux attentats fomentés par le terroriste Carlos au nom du Front Populaire de Libération de la Palestine ont lieu coup sur coup à l’aéroport d’Orly. Des détachements de compagnies républicaines de sécurité sont donc déployées en renfort de la police aux frontières pour sécuriser le site, et plus particulièrement les zones d’embarquements réservées aux vols reliant Israël.

En 1978, Les Fils du sud Liban, organisation terroriste pro-palestinienne, voit le jour alors que les bombardements et les affrontements entre israéliens et palestiniens au Liban s’intensifient. Le 17 mars, dans des combats menés conjointement avec des parachutistes français, le village d’Abassieh subit d’importants dégâts et près de deux cents personnes trouvent la mort. En représailles, l’organisation fomente un attentat sur le sol français à Orly qu’elle baptise Opération Abassieh.

Au milieu de l’après-midi du samedi 20 mai 1978, trois terroristes munis de faux documents parviennent à rejoindre le comptoir de la compagnie israélienne “EL AL” située dans l’aérogare sud de l’aéroport d’Orly. Ils viennent de passer le premier point de contrôle et se trouvent désormais en zone internationale.

Porteurs de sacs remplis de grenades et de pistolets mitrailleurs, ils ciblent le Vol 324 pour Tel Aviv et les nombreux passagers israéliens qui patientent en salle 30. Mais cette zone qui a déjà subi deux attentats est considérée comme très sensible, et fait l’objet d’un dispositif policier renforcé en sus de la Police Aux Frontières.
Six gardiens de la paix de la C.R.S. N°31 – Darnétal (Seine-Maritime), sous la responsabilité du brigadier-chef Paul Jean,cinquante-quatre ans, sont chargés d’encadrer l’arrivée des passagers au sol. Trois policiers restent sur le tarmac près de l’avion tandis que les autres regagnent la salle d’embarquement N° 30 pour acheminer les nouveaux passagers.

En Salle 30, d’autres policiers de la C.R.S. N°40 – Plombières-les-Dijon (Côte-d’Or) ont pour charge de procéder à la fouille des passagers et de leurs bagages. Le brigadier-chef Raymond Thibert, quarante-huit ans, est responsable de l’opération.

Avertis par un agent du service de sécurité israélien de la manœuvre douteuse des trois suspects, tous s’observent désormais d’un regard inquiet. Tout se joue à cet instant.

Les suspects s’écartent les uns des autres lentement et exhibent brusquement des pistolets mitrailleurs de marque Beretta. Une longue fusillade particulièrement violente et nourrie éclate.

Le brigadier-chef Jean est tué ; le brigadier-chef Thibert, est atteint par huit projectiles, mais il a pu riposter avec deux tirs. Il succombera des suites de ses graves blessures le 25 mai.

Les policiers tirent avec leurs armes individuelles évitant ainsi que des balles n’atteignent accidentellement des passagers ; cependant trois d’entre eux seront blessés. Alors que deux des terroristes ont été neutralisés, le dernier se retranche vers les cabines de fouille d’où il expédie de brèves rafales de pistolet mitrailleur.

A cet instant, le gardien de la paix Christian Primoguet qui a vidé son chargeur, ainsi que celui qu’il a récupéré sur le malheureux brigadier-chef Thibert, tente un coup risqué. Il saisit l’arme automatique de l’un des terroristes abattus et applique plusieurs tirs en rafale. Avec le concours d’un gardien de la paix de la police aux frontières, ils parviennent à figer la situation et à neutraliser le dernier assaillant.

Les trois terroristes abattus, l’aéroport est rapidement bouclé par un important dispositif policier. La C.R.S. N°3Quincy-sous-Sénart (Essonne) arrive la première sur les lieux. On craint qu’un quatrième terroriste ne se soit dissimulé dans l’aérogare. Mais cette hypothèse est finalement écartée au terme de minutieuses et longues recherches.

On relève les identités supposées des terroristes : Tahar Ourgmi, dix-neuf ans, Mohamed Ben Mustapha Nasr, vingt-sept ans, et Mahmoud Awada, vingt-trois ans. Ce dernier est formellement identifié par la brigade criminelle comme ressortissant libanais.
La détermination et le sang-froid du service d’ordre, encadré par des gradés d’une grande expérience, ont indubitablement contribué à ce que le bilan humain de cet attentat ne soit plus lourd.

Biographie

Direction d'emploi

Compagnies Républicaines de Sécurité

Corps

Encadrement — Application

Type d'unité

Unité de l'Ordre Public — Sécurité Routière

Titres et homologations

Citation à l'Ordre de la Nation

Né le 25 janvier 1929 à Dijon (Côte-d’Or) ; époux de Jeannine Perron, père de six enfants.

Cité à l’ordre de la nation [1] ; nommé Officier de paix au 8ème échelon à titre posthume.

Blessé très grièvement le jour de l’attentat, il succombe le 25 mai. Il repose au cimetière de Boncourt-le-Bois en Côte d’Or.

Sources et références

BODMR n° 09 du 15/08/1978
Entretien avec Michel Thibert (fils)
Journal télévisé du 20/05/1978 — JORF du 24/05/1978, page 2171
[2] JORF du 27/05/1978, page 2199
Le Monde, article du 23/05/1978, “Une opération suicide ?”
Le Monde, article du 25/05/1978, “Félicitations israéliennes à la police française”
Le Monde, article du 27/05/1978, “L’attentat d’Orly : décès d’un deuxième C.R.S.”
Amicale des policiers CRS de Bourgogne Franche-Comté
Archives de l’assemblée nationale, questions du 12/08/1978, page 4559.
The Jewish Times du 25/05/1978, page 1, “French view Orly attack as a declaration of war”

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