Mémorial des Policiers français Victimes du Devoir

« Il y a quelque chose de plus fort que la mort,
c’est la présence des absents dans la mémoire des vivants. »

Jean d’ORMESSON

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Gardien de la paix

Paul PETITJEAN

Victime du Devoir le 19 mai 1916

Département

Paris (75)

Affectation

Préfecture de police - Paris - 16ème arrondissement

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Circonstances

Cause du décès

Homicide par arme à feu

Contexte

Interpellation(s) d'individu(s)

A l’aube du vendredi 19 mai 1916, le concierge du N°1 de la rue de Passy à Paris (XVIe) surprenait un rôdeur aux intentions crapuleuses dans la pénombre du vestibule, et lequel simula aussitôt un état d’ivresse. Ancien appariteur de commissariat, le concierge loin d’être dupe l’expulsait sans ménagement.

Deux gardiens de la paix surprenaient la scène, et constataient que le suspect prenait aussitôt la fuite à pieds à leur vue en direction de La Muette.

L’un des agents le poursuivait à pieds tandis que son collègue réquisitionnait un taxi-auto pour lui couper la trajectoire. Pris au piège, le malfaiteur exhiba un pistolet automatique et tira à plusieurs reprises en direction du policier qui lui faisait opposition.

Atteint à l’épigastre, le gardien de la paix Paul Petitjean, vingt-neuf ans, agonisa quelques instants avant de rendre l’âme, face au N°18 Rue Eugène-Manuel. Son équipier tirait à trois reprises à son tour, sans atteindre le forcené, et perdait sa trace.

Le corps de l’agent Petitjean fut transporté au poste central du 16ème arrondissement, où fut dressée une chapelle ardente, afin de pouvoir saluer cette victime du devoir.

Une enquête était ouverte par le commissaire Corton, du quartier de La Muette ; lequel reçut l’appui des agents de la sûreté du dixième district. Une enquête de voisinage minutieuse détermina qu’au moins deux individus s’étaient présentés Rue Passy dans le but de s’en prendre à l’épicier domicilié au rez-de-chaussée.

Ce dernier quittait effectivement son domicile avant cinq heures du matin pour se rendre aux halles. Les ventes se faisant au comptant depuis la déclaration de la guerre, les complices devaient savoir que le commerçant était toujours porteur de sommes importantes.

La sûreté fit rapidement un rapprochement avec une bande opérant selon le même modus operandi, et laquelle ciblait essentiellement les épiciers de Paris.

L’un de ces vauriens avait été interpellé quelques jours avant le drame : Charles Sauvan, vingt-cinq ans ; mais son complice avait pu prendre la fuite non sans s’être rebellé copieusement. Or le signalement de ce complice se rapprochait fortement de celui du meurtrier.

Sur les indications de Sauvan, Carlos Pérot, vingt-quatre ans, déserteur des bataillons d’Afrique, fut interpellé dans un garni du Faubourg-Monmartre.

Confronté à un interrogatoire vigoureux, il reconnut avoir fait le guet la nuit du meurtre et désignait un certain Lucien comme étant le meurtrier du policier. Particulièrement sur le qui-vive, ce dernier changerait régulièrement de meublé.

Renseignés sur ses habitudes, les agents de la sûreté repéraient Lucien et le filaient jusque dans un hôtel meublé de la rue des Tournelles. Interpellé alors qu’il regagnait sa chambre, on découvrait sur lui un browning prêt à faire feu : l’arme du crime.

Louis Vaillant, vingt-quatre ans, était également un déserteur qui ne s’était jamais présenté à l’appel de son régiment. Il nia d’abord farouchement les faits avant de se raviser devant le juge d’instruction.

Il avoua être le tireur et reconnut avoir participé à plusieurs attaques nocturnes, pour subsister dans sa cavale.

Le 23 septembre, échappant à la peine capitale, la cour d’assises de Seine condamnait Vaillant aux travaux forcés à perpétuité, et ses complices à trois ans de prison et cinq ans d’interdiction de séjour en France.

Déporté en Guyane française, Vaillant décédait le 16 janvier 1944 à la colonie pénitentiaire de Saint-Laurent-du-Maroni.

Biographie

Direction d'emploi

Préfecture de Police

Corps

Encadrement — Application

Type d'unité

Unité de Voie Publique — Service Général

Né le 9 avril 1887 à Authoison (Haute-Saône) de Joseph Petitjean et Anne Jacquot ; célibataire sans enfant ; domicilié 5 Impasse des Carrières à Paris (XVIe).

Employé de bureau ; engagé pour une durée de trois ans au 9e régiment d’artillerie à pied (classe de 1907), et passé dans la réserve en 1910. Entré dans l’administration de la Préfecture de police le 25 juillet 1911 en qualité de gardien de la paix.

Inhumé à Authoison dans une concession familiale.

Sources et références

Crédit photo : Arch. PP SMAC, série KC ; restaurée et colorisée via myheritage.fr — Arch. Paris XVIe, acte de décès n°1916/1158 — Dossier individuel de bagne FR ANOM COL H 4253/a — Le Journal du 29/05/1916, “Le meurtrier de l’agent” — Le Matin du 29/05/1916, “Il avoue son crime” — Excelsior du 24/09/1916, “Tribunaux : le meurtre de l’agent Petitjean” — Journal des débats politiques et littéraires du 21/05/1916, “Un gardien de la paix assassiné” — Le Petit Parisien du 20/05/1916, “Un gardien de la paix tué par un jeune bandit”

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