Mémorial des Policiers français Victimes du Devoir

« Il y a quelque chose de plus fort que la mort,
c’est la présence des absents dans la mémoire des vivants. »

Jean d’ORMESSON

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Gardien de la paix

Lucien LALANDE

Victime du Devoir le 15 juillet 1903

Département

Paris (75)

Affectation

Sécurité Publique (PP) — Paris 11ème

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Circonstances

Cause du décès

Accident de tir à l'entrainement ou en opération

Au cours de la nuit du mardi au mercredi 15 juillet 1903, les bals publics organisés en plein air pour la fête nationale reçurent un vaste concours populaire dans toute la capitale. Bien que célébrée de manière éclatante, la fête fut malheureusement marquée par de très nombreux incidents : agressions, scènes de pillages, rixes entre souteneurs, querelles à coups de revolvers au dénouement tragique, notamment dans le quartier de la Folie-Méricourt.

Alors qu’un fiacre se hasardait à traverser le bal ouvert aux abords de la Place Sainte-Ambroise dans le 11ème arrondissement de Paris, il fut l’objet de protestations de danseurs avinés.

Le fiacre fut secoué avec force et retourné ; une rixe éclata. Elle provoqua l’intervention de deux gardiens de la paix cyclistes qui tentèrent avec grande difficulté de ramener l’ordre ; mais leur présence provoqua aussitôt un attroupement hostile de plusieurs dizaines de rôdeurs.

Assaillis à coups de bâtons et de chaises, les deux agents exhibaient leurs armes de poing pour se sortir de la mêlée violente. Deux coups de feu éclataient dans leur direction. Un projectile vint brûler la poitrine de l’agent Chanot et l’autre vient briser la jambe de l’agent Auriol. La détonation provoqua la fuite des bellicistes et l’arrivée de renforts venus du poste de police de la rue Pasteur.

Les danseurs furent toujours aussi nombreux lorsque vers minuit et demie, une autre scène tragique se produisit sur cette même place. Eugène Pontier, vingt-trois ans, brigadier au 2e régiment d’artillerie coloniale en permission pour huit jours, et Louis Renggli, serrurier âgé de vingt ans, se disputait une jeune femme à la terrasse d’un bar voisin du bal.

Les menaces verbales firent soudain place à un duel ; tous deux exhibaient des revolvers et firent feu chacun à six reprises. Les détonations provoquèrent un large mouvement de foule. Deux passants furent blessés par des projectiles : une jeune italienne qui dansait boulevard Voltaire et un consommateur installé à une terrasse.

Le brigadier Desrosiers organisa dès lors un dispositif d’une quinzaine de gardiens de la paix pour sécuriser les lieux. Dans le même temps, des agents se firent désigner Renggli par des témoins, Poutier ayant déjà pris la fuite.

Le malandrin fut trouvé encore porteur du revolver et de balles blindées, mais son arrestation provoqua aussitôt de vives protestations.

Les cinq agents qui tentèrent de l’escorter jusqu’au poste de la rue Pasteur furent encerclés et ciblés par des projectiles de toutes sortes. Avec le deuxième groupe d’agents, le brigadier déployait une colonne pour dégager le passage face à la cinquantaine d’émeutiers qui s’opposaient à l’interpellation.

Alors que l’escorte arriva à hauteur de l’orchestre faisant face à l’église, une dizaine de tirs fendirent l’air ; une violente bousculade se produisit. L’agent Chanot, qui fut blessé par balle plus tôt, exhiba son revolver d’ordonnance modèle 1874 avec le canon en l’air, tandis qu’il tenait également Renggli par le poignet.

Alors qu’il se retournait presque complètement vers ses collègues qui protégeaient leur marche, il reçut un coup violent dans le bras armé. Il déclencha un tir involontaire qui vint frapper le sol et par ricochet la poitrine du gardien de la paix Lucien Lalande, trente-quatre ans.

Transporté à son tour à l’hôpital Saint-Antoine, il fut déclaré décédé dès son arrivée.

Renggli et Pontier, interpellés à l’aube du 16 juillet dans un hôtel garni, furent envoyés au dépôt. Jugés pour coups et blessures volontaires le 5 août suivant, ils écopèrent chacun d’un an de prison ferme.

Biographie

Direction d'emploi

Préfecture de Police

Corps

Encadrement — Application

Né le 14 mars 1869 à Vitry-le-François (Marne) de Alexis Lalande et Françoise Aubertin ; époux de Heneriette Frette ; père de deux enfants ; domiciliés 45 rue Saint-Maur à Paris (XIe) ; inhumé au cimetière de Pantin.

Entré dans l’administration en 1895 après une période de service militaire de trois ans au 3e régiment du génie. Libéré en 1893 avec le grade de maitre-ouvrier.

Il fut affecté comme gardien de la paix du 11e arrdt de Paris, avec le matricule 218 au col ; excellents états de service.

Le nom de l’agent Lalande ne figure pas au monument de la préfecture de police. Les critères très spécifiques de l’administration pour obtenir le statut honorifique de victime du devoir n’étaient pas réunis. Il est cependant mort en service, et le préfet de police, M. Lépine, a permis l’octroi d’une pension complète pour sa veuve et que ses enfants soient élevés aux frais de l’administration.

Sources et références

Registre matricule militaire de la Marne, matricule 1304, classe 1889. Le Petit Journal du 16/07/1903 “Un gardien de la paix tué” Le Matin du 14/07/1903 “Dans les bals, exploits d’apaches : un agent blessé, rixes et bagarres”

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