Mémorial des Policiers français Victimes du Devoir

« Il y a quelque chose de plus fort que la mort,
c’est la présence des absents dans la mémoire des vivants. »

Jean d’ORMESSON

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Sergent de ville

Henri MOURLON

Victime du Devoir le 25 mars 1925

Département

Val-de-Marne (94)

Affectation

Sécurité Publique (PP) — Saint-Maur-des-Fossés

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Circonstances

Cause du décès

Homicide par arme à feu

Contexte

Interpellation(s) d'individu(s)

Au cours de l’après-midi du mercredi 25 mars 1925, la gérante du débit de vins de la rue Desgenettes à Saint-Maur-des-Fossés (Seine) sollicitait la police pour un client virulent en état d’ivresse manifeste.

Les cinq agents dépêchés sur place maitrisaient sans heurt l’énergumène et prenaient la direction du poste de police à pieds. A l’intersection de la rue d’Alsace-Lorraine, les policiers menottèrent l’ivrogne qui résistait vigoureusement.

Ils furent dès lors injuriés copieusement par un cycliste âgé d’une vingtaine d’années ; ce dernier reprochant une arrestation supposée raciste dans la mesure où l’ivrogne était de nationalité marocaine.

Les agents poursuivaient leur progression, lorsque, lassé par les injures criées de manière continue, l’un d’eux se portait à hauteur du cycliste pour le saisir. Le policier découvrait sur ce dernier une arme de poing dissimulée à la ceinture.

Alors que l’arme était écartée, le malfaiteur saisissait une deuxième arme de poing 7,65mm dissimulée dans son veston. Il tira à plusieurs reprises et blessait mortellement le brigadier Désiré Lejeune, quarante-quatre ans, et l’inspecteur Henri Mourlon, trente-cinq ans.

Le meurtrier prenait la fuite par la voie ferrée, et était perdu de vue à hauteur du passage à niveau de Joinville-le-Pont. Les hommes du commissaire divisionnaire Barthélémy, de la direction de la police judiciaire, relevaient un détail déterminant sur le signalement du meurtrier : ce dernier portait une large cicatrice sur la joue gauche jusqu’à la commissure des lèvres ; une blessure qui l’empêchait de parler correctement.

Il était porteur d’un tricot de laine grise et violette ; le vélo laissé sur place était un recel de vol commis un an plus tôt dans le Val de Marne.

Le 10 avril, le préfet de police informait par voie de presse qu’une prime de dix mille francs serait versée à toute personne susceptible de faire arrêter le meurtrier. L’annonce agita le milieu du banditisme mais ne donna aucun résultat.

L’été suivant, un restaurateur fut abattu par un client parti sans payer sur une bicyclette, et qu’il était parvenu à rattraper. Capturé après avoir également tiré sur un agent de police avec un browning calibre 7,65mm, Remy Van Reckem, vingt-quatre ans, présentait une paralysie faciale pariétale pouvant s’apparenter à une large cicatrice lui étirant la commissure des lèvres du côté gauche.

La perquisition menée dans son domicile à Champigny-sur-Marne fut déterminante : un autre browning à neuf coups calibre 7,65mm était découvert, un stock de pièces détachés de bicyclettes volées, et plus particulièrement un sweater de laine grise et violette semblable à celui aperçu par les témoins en 1925.

Sur la base de son signalement, de l’utilisation systématique d’une bicyclette dans la commission de méfaits, et d’armes de poing de calibre 7,65mm, il fut également soupçonné de nombreuses filouteries, des meurtres crapuleux de deux cyclistes en octobre dernier dans le bois de Vincennes, et surtout des meurtres des agents Mourlon et Lejeune.

Faisant montre d’un cynisme à toutes épreuves, il réfutait toutes les expertises balistiques et témoignages rapportés contre lui. Présenté au juge d’instruction, M. Bertaud, il feint la folie, contredite par des expertises aliénistes.

Le 23 septembre 1926, Van Reckem se suicida par pendaison dans sa cellule à la prison de La Santé, échappant ainsi à la rigueur la plus dure de la justice.

Biographie

Direction d'emploi

Préfecture de Police

Corps

Encadrement — Application

Type d'unité

Unité de Voie Publique — Service Général

Titres et homologations

Citation à l'Ordre de la Nation

Croix de la Légion d'Honneur

Né le 15 novembre 1890 à Sannat (Creuse) de François Mourlon et Marie Lepont ; époux de Julienne Duru, père de quatre enfants.

Henri Mourlon est entré dans l’administration le 18 février 1914 après une période de services armées de trois ans à la 22e section de commis et ouvriers militaires d’administration. Maintenu dans ses fonctions à l’appel de sa classe lors de la mobilisation générale d’août 1914, il était détaché comme inspecteur au service de sûreté de Joinville-le-Pont.

Sources et références

Crédit photo : Arch. PP SMAC, série KC ; restaurée et colorisée via myheritage.fr — Archives municipales 1R550 – Mourlon Marien Henri, matricule 881, classe 1911. — Archives municipales 1R2_0735 – Lejeune Désiré Louis, matricule 13, classe 1902 — Le Petit Parisien du 24/09/1926, “Van Reckem, l’assassin de Joinville s’est pendu dans sa cellule” — Paris-Soir du 12/08/1926, “Vanreckem serait bien le meurtrier des agents Mourlon et Lejeune” — Le Petit Parisien du 08/08/1926, “Les charges s’accumulent contre le meurtrier du restaurateur” — Le Petit Parisien du 07/08/1926, “Un restaurateur tué par un client” — L’Echo de Paris du 01/04/1925, “Autour du drame de Saint-Maur” — Le Rappel du 27/03/1925, “La tragédie de Saint-Maur : deux agents tués par un malfaiteur — Le Petit Parisien du 27/03/1925, “La légion d’honneur attribuée à Mourlon et à Lejeune” — Le Petit Parisien du 26/03/1925, “[…] prenant le parti d’un ivrogne arrêté, un passant tire sur les policiers”

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