Mémorial des Policiers français Victimes du Devoir

« Il y a quelque chose de plus fort que la mort,
c’est la présence des absents dans la mémoire des vivants. »

Jean d’ORMESSON

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Inspecteur

Henri BERNARD

Victime du Devoir le 14 novembre 1939

Département

Hauts-de-Seine (92)

Affectation

Sécurité Publique (PP) — Vanves

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Circonstances

Cause du décès

Homicide par arme à feu

Contexte

Interpellation(s) d'individu(s)

A la nuit tombée du 14 Novembre 1939, quatre agents de la sûreté de Vanves (Seine) se rendaient au 56, Avenue du Bas-Meudon sur l’île Saint-Germain pour procéder à l’arrestation de Paul Vocortet, vingt-huit ans.

Le commissariat était effectivement saisi de plusieurs plaintes contre X pour des vols de bicyclettes dans les vestiaires des ouvriers de l’usine métallurgique d’Issy-les-Moulineaux. Une indication anonyme permettait aux enquêteurs de remonter jusqu’au malandrin.

Au terme d’une adroite filature, ils découvrirent que ce dernier vivait dans un hôtel lugubre de la-dite avenue avec un complice, Claude Noé, vingt ans, manouvrier de cette même usine.

Les agents ignoraient que le frère ainé du suspect, Marcel Vocoret, trente-deux ans, y avait trouvé refuge après s’être évadé deux mois plus tôt de la maison d’arrêt de Caen. Ce solide bagnard y purgeait une lourde peine de quinze ans de travaux forcés pour complicité dans un meurtre crapuleux commis en 1936.

Les deux chambres occupées par les suspects et deux prostituées, au deuxième étage de la morne bâtisse, donnaient sur un appentis. Persuadé que les policiers venaient le trouver précisément, le fugitif saisit l’une des cinq armes de poing stockées dans la chambre : un revolver de cavalerie modèle 1870 et se dissimulait derrière un rideau près de l’entrée.

Le secrétaire suppléant du commissariat, Fernand Vaté, trente-trois ans, découvrit la cachette et tenta aussitôt de ceinturer le misérable.

Dans le pugilat, le commutateur fut brisé, plongeant les pièces dans le noir. Le forcené tirait et blessait mortellement l’inspecteur Gaston Wacheux, quarante-six ans, seul des trois policiers à être armé.

Dans le même temps, le jeune Vocoret s’était saisi deux pistolets Herstal 6,35 qu’il dissimulait, tuait à bout touchant le secrétaire Vaté, et prit la fuite par l’appentis, précédé par son frère ainé et son complice.

Il aperçut à la fenêtre de la chambre voisine l’inspecteur Henri Bernard, quarante ans, qui tentait de se mettre en opposition. Alors que celui-ci saisissait un pot de fleurs comme seul moyen de défense pour l’empêcher de tirer, il fut lâchement abattu.

Depuis le rez-de-chaussée, alerté par les détonations, l’inspecteur Bourderioux gagnait les étages et neutralisait le jeune Vocoret, frappé d’une balle au bras gauche. Noé fut appréhendé sur les berges de Seine au cours de la nuit.

L’enquête confiée à la brigade spéciale de la police judiciaire détermina que les deux pistolets Herstal et leurs chargeurs furent achetés quelques jours avant le drame par Paul Vocoret dans un armurerie de Boulogne.

Le 5 décembre, le frère ainé était localisé et interpellé dans un hôtel garni à Saint-Cloud. Vivant de rapines et extorquant par la violence des repas ou les fonds de caisse des débitants dans le secteur, son signalement avait fini par attirer l’attention de la police judiciaire, sûre de retrouver le sinistre bandit.

Le 28 décembre suivant, alors qu’ils se renvoyaient chacun la responsabilité de la fusillade, la deuxième chambre du tribunal militaire de la Seine condamnait les frères Vocoret à mort. Noé écopait des travaux forcés à perpétuité.

Le 15 mars 1940, la double exécution par guillotine avait lieu à la prison de la Santé.

Biographie

Direction d'emploi

Préfecture de Police

Corps

Inspecteurs — Enquêteurs

Type d'unité

Unité d'Investigation et de Recherche

Titres et homologations

Citation à l'Ordre de la Nation

Né le 6 novembre 1899 à Hérimoncourt (Doubs) de Georges Bernard et Anne-Louise Maillars-Salin. Marié à Louise Maitre, père de trois enfants. Entré dans l’administration en 1922.

Sources et références

Arch. Dép. 92, année 1939, acte de décès n°220 — Le Petit Parisien du 29/12/1939, “La mort pour les frères Vocoret” — Le Journal du 06/12/1939, “L’arrestation de Marcel Vocoret” L’Action Française du 19/11/1939, “Obsèques des trois policiers victimes du devoir”Le Matin du 16/11/1939,”La fusillade de l’île Saint-Germain” Le Matin du 15/11/1939, “Trois policiers abattus par des malfaiteurs qu’ils arrêtaient”

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