Mémorial des policiers français Victimes du Devoir

« Il y a quelque chose de plus fort que la mort,
c’est la présence des absents dans la mémoire des vivants. »

Jean d’ORMESSON

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Commissaire de police

Charles DELSANTI

Victime du Devoir le 03 mai 1945

Département

Corrèze (19)

Affectation

Sécurité Publique — Ussel

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Circonstances

Cause du décès

Assassinat, exécution ou extermination

Contexte

Guerre — Terrorisme

Le 21 mars 1944, dans le contexte de l’Occupation allemande et d’une intense activité de la Résistance intérieure française, quatre agents de la police de sûreté allemande et le chef du service de sécurité de la Shutstaffel (SS) (Sicherheitspolizei und sicherheitsdienst, SIPO-SD) entraient de force dans une maison de la Route de Tulle à Brive (Corrèze).

Sur les indications d’un milicien de cette ville, les SS pensaient découvrir un groupe à l’origine d’un vaste marché noir, mais découvrirent de manière incidente un important groupe de résistants en liaison radio avec les services secrets britanniques (Special Operation Executive, SOE).

Étaient mis en état d’arrestation les agents secrets Harry Peulevé, vingt-cinq ans, chef local du réseau “Author” sous le pseudonyme “Jean”, Louis Bertheau, vingt-cinq ans, spécialiste radio alias « Pélican », Roland Malraux, trente-deux ans, frère du célèbre écrivain, et Charles Delsanti, vingt-neuf ans, commissaire de police révoqué par le régime de Vichy.

Emprisonnés à Tulle, et remis à la police secrète d’État du Troisième Reich (Geheime staatspolizei, Gestapo) de Limoges, ils furent tous interrogés sous la torture.

Transféré à la prison de Fresnes, puis le 28 juillet, au camp de Compiègne-Royallieu, Delsanti fut déporté à la fin du mois d’août en Allemagne au camp de concentration de Neuengamme. Il fut affecté aux travaux forcés au camp de Brême-Blumenthal, dans une usine de la marine allemande (Kriegsmarine).

Du fait de l’avancée des troupes alliées au printemps suivant, le camp fut évacué et les prisonniers embarqués à bord du paquebot « Cap Arcona ».

Le 3 mai 1945, le port de Lübeck fut massivement bombardé par la Royal Air Force entrainant la destruction du navire. Delsanti et son compagnon de lutte Malraux étaient tués.

Biographie

Direction d'emploi

Sécurité Publique

Corps

Conception — Direction

Type d'unité

Unité d'Investigation et de Recherche

Titres et homologations

MPF - Mort pour la France

FFC - Forces Françaises Combattantes (renseignement, action et évasion)

DIR - Déporté, Interné de la Résistance

MED - Mort en Déportation

Citation à l'Ordre de la Nation

Croix de la Légion d'Honneur

Né le 27 novembre 1914 à Nice (Alpes-Maritimes) de Louis Delsanti et Françoise Padovani ; époux de Madeleine Béguin et père de trois enfants ; domiciliés N°112 Rue Consolat à Marseille.

Après le décès de son père, vétéran de la grande guerre décédé des suites de blessures, Louis Charles Jules dit « Charlot » Delsanti devenait pupille de la Nation à l’âge de huit ans, et passa sa scolarité à Bastia puis à Nice.

Après avoir effectué son service militaire au 173e régiment d’infanterie en Corse pour une durée de deux ans, il entrait dans la police d’État à Marseille en qualité d’inspecteur de police en août 1938.

Après la défaite, il fut démobilisé en juillet 1940, avec le grade de sergent-chef, et reprenait ses activités de policier à Marseille. Blessé au cours de l’arrestation d’un malfaiteur en 1941, il reçut une lettre de félicitations du ministre de l’intérieur pour acte de courage et de dévouement.

Le 15 janvier 1942, il entrait à l’école nationale supérieure de police à Saint-Cyr au Mont d’Or (Rhône), et devenait commissaire de police.

Au mois d’août, il était affecté à la circonscription d’Ussel (Corrèze) en qualité de stagiaire, où il apporta rapidement son concours à la Résistance.

Le 29 mars 1943, en tenue d’uniforme, il prévenait le maquis d’arrestations imminentes par la police allemande. Il empêchait dix jours plus tard l’exécution d’un arrêt d’internement visant un patriote.

Attentif à dépister les agents de la police secrète allemande (Geheime staatspolizei, Gestapo), il protégeait directement les étrangers et les réfractaires au service du travail obligtoire (STO), en leur procurant de faux documents.

Le 17 mai suivant, averti qu’il se révélait « absolument incapable » et qu’il « pourrait même être tenu pour suspect », le préfet de la Corrèze le révoquait de ses fonctions.

Surveillé de près, Delsanti entrait dans la clandestinité, et fut recruté comme agent du réseau Nestor-Buckmaster, participant à des parachutages d’armes et de matériels, ainsi qu’à des sabotages de voies ferrées.

Son décès n’a été confirmé qu’en juillet 1947 par le tribunal civil d’Ussel, avec la mention « Mort pour la France ». Par décret du 26 février 1945, il était réintégré dans ses fonctions à la Sûreté Nationale à titre posthume.

Homologué au grade de Capitaine au titre des forces françaises combattantes, il obtenait la citation suivante : « Magnifique patriote […] arrêté pour faits de résistance, déporté et mort glorieusement le 3 mai 1945 », il a été fait chevalier dans l’ordre de la Légion d’Honneur et décoré de la Croix de guerre avec palme ; et décoré de la médaille de la Résistance (1960).

Le 24 octobre 1997, une plaque a été dévoilée à Ussel, sur la façade de l’hôtel de police. Hommage ô combien mérité pour ce serviteur de l’Etat, dont le parcours a été exemplaire, trop longtemps resté « un oublié de l’histoire locale. »

Sources et références

Crédit photo : Site MyHeritage.fr, arbre généalogique public géré par Yves Delsanti — « Les SS en Limousin, Périgord et Quercy » de Georges Beau, ‎Léopold Gaubusseau (1984) — Le Maitron, notice de Gilbert Beaubatie : https://maitron.fr/spip.php?article177865 — Journal officiel de la République française, 4 mars 1945, p. 12/32 (réintégration posthume) — Journal officiel de la République française, 27 sept. 1942, p. 5/16 (nomination à Ussel) — Journal officiel de la République française, 29 déc. 1941, p. 7/16 (admission à l’ENSP) — Journal officiel de la République française, 12 août 1938, p. 27/72 (admission inspecteur de police)

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