Mémorial des Policiers français Victimes du Devoir

« Il y a quelque chose de plus fort que la mort,
c’est la présence des absents dans la mémoire des vivants. »

Jean d’ORMESSON

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Brigadier

Arsène PONCEY

Victime du Devoir le 11 mars 1944

Département

Paris (75)

Affectation

Sécurité Publique (PP) — Paris 6ème

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Circonstances

Cause du décès

Assassinat, exécution ou extermination

Contexte

Guerre — Terrorisme

Le 13 mars 1943, la police secrète d’État du Troisième Reich (Geheime Staatspolizei – Ge.Sta.po), accompagnée d’agents de police des brigades spéciales des renseignements généraux, investissait les locaux de l’Union des Anciens Combattants de la Préfecture de Police (UACPP), situés au coeur de la P.P., où s’opérait depuis l’automne 1940 une intense activité de résistance policière.

Arsène Poncey, brigadier exerçant au 6e arrdt et président de l’UACPP, y avait monté un véritable centre opérationnel de propagande anti-nazi, d’actions subversives et de renseignement (voir biographie).

M. Poncey fut arrêté avec deux de ses administrateurs par le fait d’une dénonciation (le traitre sera fusillé à la libération). Incarcéré à la prison du Cherche-Midi, il subit des interrogatoires sous la torture. Il fut d’abord interné à Fresnes jusqu’au 20 septembre, date de sa déportation programmée à Sarrebrück Neue Bremm, sous le protocole “Nuit et Brouillard”.

“Nacht und Nebel” est le nom de code des « directives sur la poursuite pour infractions contre le Reich ou contre les forces d’occupation dans les territoires occupés » se sanctionnant par l’extermination.

Le 16 octobre, Arsène Poncey arriva à destination de Mauthausen ; il fut affecté au camp central de Wiener Neudorf où il succomba sous le matricule 37803 le 11 mars 1944 [7].

Biographie

Direction d'emploi

Préfecture de Police

Corps

Encadrement — Application

Type d'unité

Unité de Voie Publique — Service Général

Titres et homologations

MPF - Mort pour la France

FFC - Forces Françaises Combattantes (renseignement, action et évasion)

RIF - Résistance Intérieure Française (création de mouvements et de réseaux)

DIR - Déporté, Interné de la Résistance

MED - Mort en Déportation

Citation à l'Ordre de la Nation

Croix de la Légion d'Honneur

Né le 27 janvier 1894 à Passy (Haute-Savoie) de Pierre Poncey et de Célina Vallet (cultivateurs) ; époux en secondes noces de Blanche Chablais ; domicilié Rue Denfert-Rochereau, N°38 – Paris 5e.

Arsène Poncey est considéré par les historiens comme l’un des plus grands résistants de la police parisienne.

Vétéran de la grande guerre mobilisé dès le 5 septembre 1914 dans les régiments d’artillerie (campagne intérieure et campagne d’Orient) ; libéré le 7 septembre 1919 avec le grade de maréchal des logis ; médaille militaire ; Croix de guerre.

Il exerçait la profession de cocher avant d’entrer à la Préfecture de police le 12 mai 1920 comme gardien de la paix au 14e arrdt. Il devenait brigadier au choix en 1934 et obtenait la médaille d’Honneur de la police française le 1er juillet 1935.

Volontaire pour s’engager dans une unité combattante en 1939, il fut affecté au centre d’opération d’appui aérien de Nemours, au 123e régiment d’artillerie [6].

Démobilisé le 16 juillet 1940 avec le grade de maréchal des logis chef, il présidait l’Union des Anciens Combattants de la Préfecture de Police ; auparavant secrétaire général, il obtint la médaille de bronze pour services rendus à la mutualité dès 1933.

L’UACPP est alors l’une des seules associations professionnelles qui n’est pas interdite par l’occupant allemand ; il y recense de nombreux volontaires pour s’engager très tôt dans le mouvement de Résistance.

Dès le mois d’octobre 1940, de retour dans son commissariat du 6e arrdt de Paris, il prenait contact avec une jeune employée du ravitaillement à la mairie et mit en place une filière de distribution de cartes d’alimentation pour les prisonniers évadés des stalags allemands.

La jeune femme le mit également en relation avec le Dr. Raymond Chanel à Nevers, spécialiste de l’évasion, et André Méresse, par l’intermédiaire desquels il peut entrer en contact avec le Comité Français de la Libération Nationale ; lequel lui demande d’organiser un mouvement de résistance policier.

Le groupe Valmy fut rattaché au réseau de l’Armée des Volontaires, groupe d’action, d’aide aux prisonniers évadés, de renseignement et de passage en zone libre.

Grâce à l’impulsion d’Arsène Poncey, les policiers y furent très représentés et leurs activités subversives très intenses. Il prit la direction du groupe Valmy sous le pseudonyme Capitaine Lapeyroux, et mena les opérations directement depuis les bureaux de l’UACPP situés au sein même de la Préfecture de police.

Il poursuivit le recrutement de nouveaux adhérents grâce au fichier du personnel directement accessible, dans lequel il trouvait effectivement les réfractaires à l’occupation signalés à l’administration.

En novembre 1942, à la suite d’une série d’arrestations, Poncey prit le commandement de la structure de l’Armée des Volontaires avant d’être arrêté lui-même par la police allemande, et déporté vers les camps de la mort (voir circonstances).

Poncey fut remplacé par le commissaire de police Edmont Dubent, chef des services techniques de la Préfecture de police, lequel initia le réseau L’Honneur de la Police.

Cité à l’ordre de la Nation [1] ; nommé au grade de Chevalier de la Légion d’honneur ; mention “Mort en déportation” [2] [3] ; mention “Déportés et internés de la Résistance” [4] ; homologué Commandant au titre des Forces Françaises Combattantes, réseau “SR Armée des Volontaires” [4] ; médaillé de la Résistance Intérieure Française par l’Ordre de la Libération [5]. Mention “Mort pour la France” [8] Promu Officier de paix à titre posthume ; puis sous-directeur à titre honorifique.

Sources et références

[1] JORF du 24/05/1946, p.4/24, décret du 23/05/1946
[2] JORF n°0190 du 17 août 2012, texte n° 30
[3] Service historique de la Défense, Caen – CoteAC 21 P 526993
[4] Service historique de la Défense, Vincennes GR 16 P 485214
[5] JORF du 17/05/1946, décret du 24/10/1946
[6] AD 74, registres matricules militaires, classe 1914, 1 R 814 – matricule 2261
[7] Fiche du mémorial de Mauthausen
[8] Data.gouv.fr opendatasoft Soldats morts pour la France
Désobéir : des policiers et des gendarmes sous l’occupation ; Limore Yagil – 2018
Au cœur de la Préfecture de Police : de la Résistance à la Libération, p.48-49 – coord. Luc Rudolph

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