Mémorial des Policiers français Victimes du Devoir

« Il y a quelque chose de plus fort que la mort,
c’est la présence des absents dans la mémoire des vivants. »

Jean d’ORMESSON

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Sous-Brigadier — Gardien

Albert PUJOL dit LAMOTHE

Victime du Devoir le 12 février 1935

Département

Seine-St-Denis (93)

Affectation

Sécurité Publique (PP) — Montreuil

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Circonstances

Cause du décès

Homicide par arme à feu

Contexte

Interpellation(s) d'individu(s)

Dans l’après-midi du lundi 11 février 1935, un rôdeur gagne un petit immeuble situé vers la Place de la Mairie de Montreuil-sous-Bois (Seine ; Seine-Saint-Denis), au n°2 de l’Avenue Pasteur. Selon un modus operandi bien établi, après avoir surveillé et enregistré les habitudes des résidents sur un petit carnet, le malfaiteur s’assure que la famille Birot, domiciliée au troisième étage, est bien absente. Si le père a effectivement quitté les lieux, Mme Birot se trouve cependant exceptionnellement à l’appartement au chevet de leur fillette malade. Lorsque la vibration de la sonnette retentit, croyant à une simple annonce de retour de son époux chargé de médicaments, elle ne répond pas.

Équipé d’une pince-monseigneur et de seize fausses-clefs, le malfaiteur procède sans difficultés à l’arrachage du pêne de la serrure. Surpris en flagrant délit par Mme Birot, le cambrioleur déguerpit tandis que la victime se rue à la fenêtre pour appeler à l’aide.

Sur la place, plusieurs riverains poursuivent le gredin qui emprunte l’Avenue Pasteur en direction de Bagnolet. Non loin de là, , occupé à réguler la circulation sur un terre-plein central, le gardien de la paix Albert Pujol, trente-six ans, est alerté par la clameur publique et prend la tête des poursuivants. Il atteint l’intersection avec la rue Buffon lorsqu’il le perd de vue. Il vient trouver deux mécaniciens du garage Jusselin de la même rue. Encore stupéfaits, ces derniers désignent au policier essoufflé un réduit obscur dans lequel le fuyard est venu se réfugier.

Le robuste policier emprunte une clef à molette et s’approche aveuglément du repaire en lui sommant de se rendre, lorsque deux coups de feu viennent le foudroyer. L’agent s’écroule atteint à la tête et à la poitrine. Le tireur prend la fuite devant de nombreux témoins. Un fontainier municipal âgé de cinquante ans emprunte un vélo et décide courageusement de le poursuivre. Incapable de tenir la foulée, il demande l’aide d’un taxi. Après quatre kilomètres de poursuite sur les hauteurs de la ville, le témoin perd la trace du meurtrier.

Un car police-secours vient à sa rencontre près du cimetière ; le témoin se porte aussitôt volontaire pour poursuivre les recherches avec la patrouille. Cinq-cent mètres plus loin, dans la rue Pierre-de-Montreuil, il reconnait et désigne formellement le tireur, immanquablement trahi par sa tenue bourgeoise constituée d’un pantalon à rayures, d’un pardessus gris printanier, coiffé d’une casquette claire et porteur de chaussures fourrées. A bout de souffle, ce dernier tire encore à deux reprises sans faire de blessés, et tente en vain de se faire justice avec son pistolet automatique 6,35 qui s’est enrayé.

A la vue de l’arme, les agents Chavin et Breniaux qui s’étaient déjà portés à sa hauteur le terrassent sans aucun ménagement. Il est transporté inconscient jusqu’au commissariat puis à l’hôpital Saint-Antoine sous bonne garde. On découvre sur lui quelques recels de bijoux de ses précédentes expéditions, ainsi qu’une somme de 3359 francs. On transporte le malheureux agent Pujol jusqu’à la Maison de Santé des gardiens de la paix dans un état jugé désespéré.

Sur son lit d’agonie, le brave reçoit des mains du Préfet de police, M. Langeron, et en présence du directeur de la police municipale, M. Guichard, la médaille d’or des actes de courage et de dévouement. Il succombe le lendemain peu après vingt heures.

D’abord muré dans le silence, refusant de remettre jusqu’à son nom, les recherches entreprises par le service de l’identité judiciaire permettaient de révéler l’identité du meurtrier : Arthur Mahieu, trente-deux ans, criminel abouti originaire de Calais, titulaire de treize condamnations pour vols qualifiés et interdit de séjour en France. Il avait été libéré de la centrale de Poissy en mars 1932. Après avoir remis des aveux partiels, reconnaissant plusieurs cambriolages sur les communes du Perreux, de Vincennes, de Nogent-sur-Marne et Fontenay-sous-bois, il était écroué à la prison de Fresne suivant l’instruction du juge Lanoire. L’enquête amène à la découverte d’un avoir criminel d’une valeur de quarante mille francs réinvesti dans l’achat d’une villa à Neuilly-Plaisance, par l’entremise d’une maitresse.

Le 23 mars 1936, la cour d’assises de la Seine condamne Mahieu à la peine de mort. Il est exécuté par guillotine à la prison de la Santé, à l’aube du 25 juin de la même année.

Biographie

Direction d'emploi

Préfecture de Police

Corps

Encadrement — Application

Type d'unité

Unité de Voie Publique — Service Général

Né le 22 avril 1898 à Arignac (Ariège) de Jean-Baptiste Pujol et Mariette Fournier. Célibataire, sans enfant. Domicilié N°72 rue de la Solidarité à Montreuil-sous-bois (Seine ; Seine-Saint-Denis).

Engagé volontaire pour quatre ans à la mairie de Tarascon le 12 mars 1917 et versé dans plusieurs régiments d’artillerie lourde. Campagne contre l’Allemagne jusqu’au 23 octobre 1919.

Entré dans l’administration le 1er avril 1922. Décrit comme un homme avec un naturel enjoué, vigoureux et consciencieux, il s’était acquis des droits à l’admiration en donnant à plus d’une quarantaine de reprises son sang pour sauver de grands malades.

Il était l’unique soutien de son père infirme décédé quelques temps après le drame.

Inhumé au cimetière d’Arignac dans une concession familiale.

Sources et références

Registres des matricules de l’Ariège, classe 1918, matricule 975 — Criminocorpus – Détective (Tome 330 ; 1935) : “Le sursaut du fauve” — Le Journal du 24/03/1936, “La dernière condamnation d’Arthur Mahieu” — Le Journal du 14/02/1935, “L’agent Pujol […] avait donné son sang 40 fois” — Le Journal du 13/02/1935, “Le gardien de la paix blessé à Montreuil par un cambrioleur a succombé […]” — Le Journal du 12/02/1935, “La tragédie de Montreuil-sous-bois”

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