Mémorial des Policiers français Victimes du Devoir

« Il y a quelque chose de plus fort que la mort,
c’est la présence des absents dans la mémoire des vivants. »

Jean d’ORMESSON

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Inspecteur

Albert LUGAN

Victime du Devoir le 22 novembre 1916

Département

Paris (75)

Affectation

Police Judiciaire (PP) — Paris

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Circonstances

Cause du décès

Homicide par arme à feu

Contexte

Interpellation(s) d'individu(s)

Au cours de la journée du mercredi 22 Novembre 1916, deux inspecteurs du 10ème district de police judiciaire furent chargés de rechercher un individu se livrant sous des identités usurpées à de nombreuses et prolifiques escroqueries à l’assurance dans l’ouest parisien.

Malgré la prudence excessive du malfaiteur, ce dernier finissait par être repéré dans un hôtel du quartier des Epinettes à Paris (XVIIe).

Les policiers mirent en place une surveillance discrète, munis d’un signalement précis ; ils avisèrent un individu suspect vêtu d’une tenue de terrassier sur le point d’entrer dans l’hôtel.

Comme l’exigeait alors la situation en temps de guerre, l’homme exhiba avec une certaine assurance un certificat d’exemption de service armé sous une identité qui s’avérerait usurpée. Les policiers décidèrent de procéder à une vérification de son identité dans le commissariat le plus proche.

Au cours du trajet pédestre, le suspect prenait la fuite et se précipitait dans un débit de vins de la rue Sauffroy ; il tentait de trouver une issue à l’arrière de l’établissement, en vain.

Muni d’un couteau à virole, il fit volte-face aux policiers, désormais sûrs d’avoir affaire avec un escroc. Ce dernier déclarait sournoisement qu’il se rendait, et jeta le couteau au sol.

Tandis que l’inspecteur Weidlich se baissait pour ramasser l’arme, l’escroc exhibait une arme de poing, tirait à cinq reprises, et blessait mortellement l’inspecteur Albert Lugan, trente-trois ans.

Le meurtrier fut appréhendé avec l’aide de deux passants et d’un gardien de la paix du quartier alerté par la clameur. Amené devant le commissaire Léger, du commissariat des Epinettes, il refusa de répondre aux questions allant jusqu’à simuler la folie.

Confronté au service anthropométrique, le suspect finissait par reconnaitre sa véritable identité : Charles Demay, vingt-sept ans, originaire de Darnétal près de Rouen ; dangereux malfaiteur inscrit au bulletin criminel pour une longue liste de délits.

Conduit au dépôt, Demay fit l’objet de plusieurs examens effectués à la demande de son avocat par des médecins-aliénistes. En mars 1917, l’expert désigné certifia que Demay était dément…

M. Gilbert, juge d’instruction, fit procéder à son internement à l’hospice de Bicêtre. Demay mit cependant à profit sa lucidité retrouvée, et s’évada de l’asile quelques jours après son entrée. Il devait continuer à vivre de rapines et d’escroqueries.

Le 29 mai, Demay fut repéré alors qu’il entrait dans un débit de vins de la Garenne-Colombes. Après une brève confrontation armée, Demay fut transporté blessé à l’hôpital Beaujon sous escorte. Mal fouillé, il exhibait encore un browning M1910, avant d’être assommé !

Le 6 juin, après une lutte acharnée, Demay fut tué après une énième tentative d’évasion de l’hôpital.

Biographie

Direction d'emploi

Police Judiciaire

Corps

Inspecteurs — Enquêteurs

Né le 4 octobre 1883 à Saint-Benoît-d’Hébertot (Calvados) de Émile Lugan et Albertine Chouquet. Célibataire, sans enfant, demeurait 30 rue Lantiez à Paris (XVIIe).

Albert Lugan fut engagé volontaire au 28e Régiment d’Infanterie pour quatre ans ; libéré du service militaire après un réengagement d’un an avec le grade de sergent.

Il entrait dans l’administration en 1908 comme inspecteur de police au service de la sûreté.

Sources et références

Arch. PP SMAC, série KC, victimes dudevoir, photo restaurée et colorisée sous licence
Le Petit Parisien du 06/06/1917, “Le bandit Demay meurt à Beaujon au cours d’une crise”
Le Matin du 30/05/1918, “L’assassin de l’inspecteur Lugan est enfin arrêté”
Le Petit Journal du 15/03/1917, “Le meutrier de l’agent Lugan déclaré fou”
Le Petit Parisien du 26/11/1916, “Un inspecteur de police est tué rue Sauffroy”
Le Temps du 24-25/11/1916, “Un inspecteur de police tué par un malfaiteur”

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