Mémorial des policiers français Victimes du Devoir
« Il y a quelque chose de plus fort que la mort,
c’est la présence des absents dans la mémoire des vivants. »
Jean d’ORMESSON
Gardien de la paix stagiaire
Joseph BESSE
Victime du Devoir le 04 juillet 1905
Département
Paris (75)
Affectation
Police Municipale (PP) — Paris 20ᵉ
Circonstances
Cause du décès
Homicide par arme à feu
Contexte
Interpellation(s) d'individu(s)
Au cours de la nuit du lundi au mardi 4 Juillet 1905, à Paris, une rixe éclatait à la sortie d’un débit de boissons, au n°73 de la rue des Amandiers (XXe).
Des clients avinés reprochaient au tenancier la fermeture de son établissement. Le tapage était tel, que trois gardiens de la paix du poste central de la Place Gambetta, furent sollicités par des riverains.
Sur place, une bande hostile les injuriait copieusement et jetait des projectiles dans leur direction. Face au n°4 de la rue des Partants, un agent fut pris à partie alors qu’il tentait d’interpeller le trublion à l’origine de la rixe : Auguste Mathas, vingt ans.
L’agent qui maintenait les belliqueux à distance vint lui prêter main forte ; c’est précisément à cet instant qu’un complice exhiba une arme de poing et fit feu à bout touchant sur dans la tête du policier, avant de prendre aussitôt la fuite.
Joseph Besse, vingt-cinq ans, fut admis encore conscient à l’hôpital Tenon, mais dans un état désespéré. Avant de succomber, il reçut la visite de M. Lépine, préfet de police, qui lui décerna la médaille des actes de courage et de dévouement.
Le matin même, les services de la Sûreté investissaient le quartier Ménilmontant et procédèrent à des rafles incessantes, vigoureuses et persuasives. Plusieurs témoignages désignèrent sans le nommer un certain « Félo l’apache » ou « Félo de Charonne ».
M. Reiss, Officier de paix du 2e arrdt, fit immédiatement le rapprochement avec Félix Boulay, dix-neuf ans ; s’agissant d’un malfaiteur connu depuis l’adolescence pour de nombreux délits mais également un meurtre crapuleux commis quatre ans plus tôt avec sa bande.
Un dispositif fut mis en place au domicile de l’intéressé, dans un hôtel meublé du 60 Rue des Amandiers. Si le tueur présumé restait introuvable, les inspecteurs interpellèrent néanmoins trois comparses venus déménager ses effets personnels.
Les inspecteurs remontaient habilement la trace de l’assassin, lequel s’était réfugié un temps chez un militaire venant de finir ses classes au 29e régiment d’artillerie.
Endossant son uniforme, Boulay espérait passer inaperçu dans les grandes avenues de Charonne, alors très fréquentées le soir par les militaires du régiment. Expérimentés, les inspecteurs de la Sûreté obtenaient une information décisive : un militaire ne regagnant pas son casernement logerait à l’hôtel Terminus, sur le Cours de Vincennes (XXe).
Au terme d’une surveillance, Boulay fut interpellé dans une chambre en compagnie d’une femme de moeurs légères, et emmené au poste central de la Place Gambetta.
Son arrestation s’ébruitant, une foule de plusieurs centaines de personnes se regroupait sur la dite place, réclamant à corps et à cris le lynchage du malfaiteur. Ce dernier fut inculpé d’homicide volontaire avec préméditation et placé avec l’ensemble de ses complices sous mandat de dépôt à La Santé.
Désignés par les témoins devant le jeuge d’instruction, Boulay remit des aveux circonstanciés, arguant avoir voulu défendre un ami sur le point d’être pris par des policiers, mais simplement en tirant en l’air. Le revolver avait été acheté chez un brocanteur de Belleville.
Le 6 janvier 1906, la cour d’assises de la Seine condamna Boulay à la peine de mort ; il fut cependant gracié le 20 février suivant et sa peine commuée aux travaux forcés à perpétuité en colonie pénitentiaire de Guyane Française.
Boulay mourut en détention le 31 octobre 1915 à Saint-Laurent-du-Maroni.
Biographie
Direction d'emploi
Préfecture de Police
Corps
Encadrement — Application
Type d'unité
Unité de Voie Publique — Service Général
Né 14 juin 1880 à Bray-sur-Seine (Seine-et-Marne) de Rosalie Besse et Fulgance Mignot, célibataire, sans enfant ; domicilié n°219 Avenue Gambetta à Paris (XXe).
Incorporé le 16 novembre 1901 au 31e régiment de ligne, Joseph Besse fut libéré du service actif le 17 septembre 1904 avec le grade de caporal clairon.
Nommé le 10 mai 1905 gardien de la paix stagiaire à la Préfecture de police, il fut, en cette qualité, attaché à la brigade du 20e arrondissement.
Ce jeune agent portait le matricule N°104 et effectuait sa première vacation de nuit en qualité de titulaire lorsqu’il a été sauvagement assassiné. Il était particulièrement fier de porter l’uniforme de gardien de la paix et se distinguait par sa stature très imposante (186cm). Inhumé au cimetière communal de Bruay-sur-Seine.
Sources et références
Dossier individuel de bagne FR ANOM COL H 1346 — L’Aurore du 01/03/1906, “L’assassin gracié” — Le Journal illustré du 07/07/1905, “Un crime d’apache, arrestation de l’assassin” — Rapport du Conseil municipal de paris, année 1913 — Photo restaurée par IA à partir d’une archive dégradée de la victime.
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