Mémorial des policiers français Victimes du Devoir
« Il y a quelque chose de plus fort que la mort,
c’est la présence des absents dans la mémoire des vivants. »
Jean d’ORMESSON
Sous-Brigadier — Gardien
Baptiste TINEL
Victime du Devoir le 17 septembre 1907
Département
Loire (42)
Affectation
Police Municipale — Saint-Étienne
Circonstances
Cause du décès
Homicide par arme blanche
Contexte
Maintien de l'ordre — Service d'ordre
Au cours de la soirée du 17 septembre 1907, une foule de spectateurs s’amassa autour d’artistes comiques réunis pour une représentation à l’Eden-Concert, rue de la Croix (actuelle rue Blanqui) à Saint-Étienne (Loire).
Cependant, dans un recoin du parterre, trois trublions avinés ne partagèrent pas le contentement général ; ils provoquèrent un scandale en interrompant le spectacle par des huées et des sifflets, et en faisant à haute voix des réflexions désobligeantes à chaque apparition d’un artiste.
Face aux protestations unanimes, le régisseur fit expulser les perturbateurs. Cependant, le plus idiot du trio parvint à revenir près de la scène.
Monté sur un tabouret, il provoqua la mauvaise humeur du public présent et l’intervention de deux gardiens de la paix en faction pour l’évènement.
Particulièrement agité, le malandrin fut emmené au poste de police central de la rue de Paris (actuelle Place de l’Hôtel de Ville) pour ivresse publique manifeste.
Blaise Charoin, trente-trois ans, minier aux puits de la Loire, était présenté au chef de poste, et escorté vers les cellules pour une fouille de sécurité préalable et un complet dégrisement sous bonne garde.
Dans un couloir, l’ivrogne plongea de façon soudaine la main dans une poche et en sortit un couteau de chasse à lame recourbée.
Il se précipita sur Baptiste Tinel, quarante-quatre ans, et lui porta un coup, jusqu’à la garde, dans la région du cœur.
Une mêlée violente eut lieu tandis que Charoin tenta de se frayer un chemin vers la sortie par de grands gestes menaçants. L’agent Tinel eut la force d’exhiber son arme de poing mais il s’écroula, affaibli. Charoin fut finalement maîtrisé.
Les agents assistèrent impuissants à l’agonie de leur estimé collègue toujours conscient, dont la blessure était sanguinolente. Des médecins dépêchés sur place par la clameur publique constatèrent que son état était désespéré.
Transporté à l’Hôtel-Dieu, il rendit le dernier soupir à onze heures du soir sans avoir pu faire ses adieux à sa famille.
Dans sa cellule, Charoin resta plein d’assurance. Informé par le commissaire central, M. Jérôme, du décès de l’infortuné policier, l’exalté se montra hautain et satisfait.
La terrible nouvelle provoqua une manifestation citoyenne spontanée devant le poste de police, et des conseillers municipaux vinrent apporter leur soutien aux agents encore abasourdis.
Les permanenciers organisèrent un service d’ordre devant la mairie où était installé le service anthropométrique destiné à recevoir le signalement du meurtrier, pour maintenir la foule à distance qui réclamait sa mise à mort.
Le 12 décembre 1907, la cour d’assises de la Loire condamna Charoin à sept ans de travaux forcés et dix ans d’interdiction de séjour. Une peine restée incompréhensible pour la famille Tinel.
Cependant, envoyé à la colonie pénitentiaire de Saint-Laurent-du-Maroni en Guyane Française, le forçat mourut au cours de sa détention le 12 octobre 1909.
Biographie
Direction d'emploi
Police Municipale
Corps
Encadrement — Application
Type d'unité
Unité de Voie Publique — Service Général
Né le 9 août 1863 au Monastier (Haute-Loire), marié, père de deux enfants. Domicilié 54 rue Montaud à Saint-Étienne.
Entré dans l’administration le 1er décembre 1892 après une période de service militaire de trois ans au 19e régiment de Dragons puis au 5e régiment de Cuirassiers.
Bon époux, bon père, bon serviteur, il était successivement promu aux diverses classes de son emploi, et proposé au grade de sous-brigadier en raison de son zèle, son dévouement et ses excellents états de service.
Inhumé au cimetière de Montaud dans une concession perpétuelle aux frais de la ville.
Sources et références
Registre des matricules militaires de la Loire, classe 1894, N°1595 — Registre des matricules militaires de la Haute-Loire, classe 1883, N°680 — Le Mémorial de la Loire et de la Haute-Loire du 21/09/1907 “Les funérailles de l’agent Tinel” — Le Mémorial de la Loire et de la Haute-Loire du 19/09/1907 “Un agent de police assassiné” — Le Mémorial de la Loire et de la Haute-Loire du 18/09/1907 “Un agent de police tué par un apache”
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