Mémorial des policiers français Victimes du Devoir
« Il y a quelque chose de plus fort que la mort,
c’est la présence des absents dans la mémoire des vivants. »
Jean d’ORMESSON
Inspecteur de police
Léon HAMARD
Victime du Devoir le 16 juillet 1944
Département
Haute-Garonne (31)
Affectation
Brigade Régionale de Police de Sûreté (PJ) — Toulouse
Circonstances
Cause du décès
Assassinat, exécution ou extermination
Contexte
Guerre — Terrorisme
Le 11 juillet 1944, dans le contexte d’une intense activité de la Résistance intérieure française suivant le débarquement en Normandie, un véhicule traction avant monté par trois résistants, chargés de prendre contact avec un maquis de l’Armée Secrète, était intercepté par la feldgendarmerie à Saint-Martin-du-Touch près de Toulouse (Haute-Garonne).
Ce barrage de routine franchi habituellement sans difficulté fit cependant l’objet d’un examen des laissez-passer plus approfondi, mettant en péril la mission.
Marcel Taillandier, trente-trois ans, agent du contre-espionnage du 2ème bureau, ingénieur radio-électricien et chef du réseau d’action « Morhange », prenait la fuite et de dissimulait sous l’appenti d’un maréchal-ferrant dans le village. Il fut dénoncé par une habitante acquise à la Milice, débusqué et fusillé sommairement.
Les deux autres résistants, Georges Marchandeau, trente-deux ans, pilote d’essai et Léon Hamard, vingt-quatre ans, inspecteur de police, n’avaient pu se dérober.
Ils furent emmenés pour interrogatoires au siège de la police de sûreté allemande et du service de sécurité de la shutzstaffel (SS) (sicherheitspolizei und sicherheitsdienst, SIPO-SD), Rue Maignan à Toulouse.
Hamard fut torturé avec une rare sauvagerie jusqu’à ce que mort s’ensuive, sans jamais avoir parlé, et jeté dans une fosse dans le jardin de l’immeuble où son corps ne fut découvert que le 29 août suivant. Marchandeau fut déporté au camp de concentration de Buchenwald ; il survécut et put apporter son témoignage.
Le chef de la SIPO-SD de Toulouse, Karl Heinz Müller fut condamné par contumace par le tribunal permanent des forces armées de Bordeaux en 1953, dont les pratiques stéréotypées et abominables inhérentes à la Gestapo lui furent imputées.
Müller fut retrouvé en Allemagne en 1978 grâce aux enquêtes de la famille Klarsfeld ; il avait pu effectuer une carrière de commissaire de police. Il fut extardé en 1985 en France.
Biographie
Direction d'emploi
Police Judiciaire
Corps
Inspecteurs — Enquêteurs
Type d'unité
Unité d'Investigation et de Recherche
Titres et homologations
MPF - Mort pour la France
FFC - Forces Françaises Combattantes (renseignement, action et évasion)
Croix de la Légion d'Honneur
Né le 28 novembre 1919 à Bar-le-Duc (Meuse) de Léon Pascal Hamard et Éléonore Anaïse Margerie, originaires de l’Orne.
Léon Louis Lucien Hamard alias « Léo » quittait la Lorraine après la défaire de juin 1940 pour rejoindre Toulouse (Haute-Garonne), avec sa mère ; ils s’installent N°51 Allée Jean-Jaurès.
Dès le mois d’avril 1941, il entrait dans la Police nationale en qualité d’inspecteur aux renseignements généraux de Toulouse, puis à la 8ème brigade régionale de police de sûreté (police judiciaire), Rue des Remparts Saint-Étienne.
Cet ardent et jeune patriote était recruté en 1942 dans les services spéciaux de l’Armée d’armistice (SSA), dont les membres s’étaient retirés également dans la région toulousaine après la défaite. Ce service de sécurité militaire français agissait clandestinement sous l’organisme des « Travaux Ruraux » (SSMF – TR).
Membre du réseau de renseignement et d’évasion « Andalousie », sous le matricule « RAB9 » et le pseudonyme « André Léonin », il intégrait à plein temps (agent P2) le groupe « Morhange » (ex Corps franc « Combat ») en mars 1943.
Outre les activités de renseignements militaires et de liaisons avec les maquis, sous le nom de code « X6 », Léo faisait partie d’un groupe d’action directe avec plusieurs de ses collègues de la PJ se traduisant par des enlèvements voire des exécutions ciblant collaborationnistes français et responsables allemands.
Ce groupe eut des résultats prolifiques entre mars 1943 et août 1944, avec 78 agents ennemis tués dans la région de Toulouse, Agen et Montauban.
Léon Hamard aurait été tué entre le 11 et le 16 juillet, après avoir été supplicié au siège de la police allemande toulousaine. Des témoignages indiquaient qu’il fut enterré encore vivant.
Mention « Mort pour la France » ; homologué au grade de Capitaine des forces françaises combattantes (FFC) ; élevé au grade de Chevalier dans l’ordre de la Légion d’Honneur ; Croix de guerre 1939-1945 ; médaille de la résistance (1946).
Sources et références
Dossier de résistant conservé par l’Ordre de la Libération — Le Gers en Résistance de Jacques Fitan et Pierre Léoutre (2020) — Le Maitron, notice de Léon Hamard par André Balent — Site Mémoire des hommes (MPF, FFC)
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