Mémorial des policiers français Victimes du Devoir

« Il y a quelque chose de plus fort que la mort,
c’est la présence des absents dans la mémoire des vivants. »

Jean d’ORMESSON

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Inspecteur de police

Jean DONATINI

Victime du Devoir le 27 juin 1975

Département

Paris (75)

Affectation

Direction de la Surveillance du Territoire (DST)

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Circonstances

Cause du décès

Assassinat, exécution ou extermination

Contexte

Guerre — Terrorisme

Au cours de la journée du 27 juin 1975, dans le contexte d’une intensification du terrorisme pro-palestinien en France, la Direction de la Surveillance du Territoire (DST) enquêtait sur l’environnement d’un suspect libanais gardé depuis plusieurs jours dans ses locaux parisiens : Michel Moukharbal, vingt-cinq ans, fiché comme agent de liaison du « Front Populaire de Libération de la Palestine » (FPLP).

L’unité se rendait au N°9 Rue Toullier (Ve) dans un appartement loué par des étudiants vénézuéliens, parmi lesquels figurerait un intermédiaire suspect de Moukharbal, un certain Carlos Martinez-Torres ; identité qui s’avèrerait fausse.

Habitués à une discrétion des plus ultimes, les agents effectuèrent le déplacement avec Moukharbal, dépourvus de moyens radios et sans leurs armes de service.

Sur place, les occupants de l’appartement restèrent hébétés, excepté le suspect qui passa discrètement à la salle de bain pour s’emparer d’un pistolet russe Tokarev, calibre 7,65mm.

Personne ne soupçonnait alors qu’il s’agissait d’un terroriste très engagé, muni de faux documents, et qui a bénéficié d’un solide entrainement.

Face aux policiers qui exhibèrent des photos de surveillance le confondant, le suspect éluda intelligemment les questions. Décision était prise de le confronter à Moukharbal, gardé au véhicule, et lequel désigna alors formellement son contact.

A la surprise générale, « Carlos » saisissait le pistolet, tirait à bout portant sur les policiers à hauteur des visages et exécuta Moukharbal avant de prendre la fuite.

Les inspecteurs Raymond Dous, cinquante-quatre ans, et Jean Donatini, trente-quatre ans, étaient tués. Le commissaire Jean Herranz, cinquante-deux ans, était grièvement blessé et survécut.

Les enquêteurs remontèrent les ramifications du tueur qui opérait en Europe pour le compte du FPLP avec le soutien des services du renseignement et du contre-espionnage russe (KGB), et de pays dans l’orbite communiste.

Le 6 juillet, la police britannique identifia « Carlos », s’agissant de Ilitch Ramirez-Sanchez, vingt-six ans ; fils d’un riche avocat vénézuélien, idéologue marxiste.

Une perquisition déterminante dans un appartement du la Rue Amélie (VIIe) amenait à la découverte de correspondances écrites, de faux documents et d’un important stock d’armes : une dizaine de pistolets, de la dynamite, du plastic, et une trentaine de grenades.

Les analyses démontraient que les bouchons allumeurs de certaines grenades étaient du même type que ceux retrouvés à l’aéroport d’Orly lors de l’attentat du 19 janvier 1975.

Une grenade américaine M26 correspondait également au lot de celle utilisée lors de l’attentat du drugstore Saint-Germain-des-Prés le 15 septembre 1974.

Enfin, quatre grenades du même lot ont été abandonnées après une prise d’otage à l’ambassade de France à La Haye le même jour.

Après une traque longue d’une vingtaine d’années, le mercenaire du terrorisme international était repéré à Khartoum (Soudan) par les services du renseignement.

Le 14 août 1994, avec l’accord du gouvernement soudanais et l’appui du Ministre de l’Intérieur Charles Pasqua, des agents de la DST capturaient « Carlos » dans un cabinet médical, où il avait programmé une opération de chirurgie plastique destinée à modifier radicalement son apparence physique.

A ce jour, « Carlos » purge toujours une double condamnation à la perpétuité à la maison centrale de Saint-Maur.

Biographie

Direction d'emploi

Sécurité Publique

Corps

Inspecteurs — Enquêteurs

Type d'unité

Unité d'Investigation et de Recherche

Titres et homologations

Citation à l'Ordre de la Nation

Né le 26 avril 1941 à Reims (Marne) de Cézar Donatini et Adèle Lamori ; marié à Jocelyne Moutardier ; père d’un enfant.

L’inspecteur de police Jean Donatini est entré dans la police en 1965 comme gardien de la paix. Après avoir réussi le concours d’inspecteur, ce policier décrit comme dynamique, courageux et solide, avait rejoint depuis deux ans la Direction de la Surveillance du Territoire.

Cité à l’ordre de la Nation, une place porte désormais son nom à Reims, sa ville natale.

Sources et références

BODMR n° 06 du 01/04/1975
“J’ai choisi la D.S.T., souvenirs d’un inspecteur” de Pierre Levergeois (1978) — “Dans les coulisses de la lutte anti-terroriste” de Georges Moréas, éd. First Document, 2016. — Le Monde du 30/03/1975, “2 terroristes sud-américains tuent 2 inspecteurs et blessent un commissaire de la DST” — Le Monde du 01/07/1975, “Le ministère de l’intérieur met en cause un réseau international de terroristes” — Le Monde du 02/07/1975, “M. Poniatiwski : nous ne céderons devant aucune violence” — Le Nouvel Obs du 07/07/1975, page 28, “Carlos qui ?” — Libération du 12/12/1997, “25 Juin 1975: trois morts rue Toullier à Paris. Un carnage signé Carlos” — Le Figaro du 07/08/2008, “Carlos, tueur sans frontières” —

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