Mémorial des Policiers français Victimes du Devoir

« Il y a quelque chose de plus fort que la mort,
c’est la présence des absents dans la mémoire des vivants. »

Jean d’ORMESSON

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Sergent de ville

Pierre-Marie LUCAS

Victime du Devoir le 07 octobre 1894

Département

Hauts-de-Seine (92)

Affectation

Sécurité Publique (PP) — Courbevoie

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Circonstances

Cause du décès

Homicide par arme blanche

Contexte

Interpellation(s) d'individu(s)

Au cours de la nuit du samedi au dimanche 7 octobre 1894, vers deux heures du matin, une rixe éclatait entre plusieurs ivrognes, rue Carle-Hébert à Courbevoie (Hauts-de-Seine), après une longue soirée passée dans les cabarets locaux d’où ils furent évincés.

Leurs hurlements provoquaient l’intervention des sergents de ville Lucas, Chaurand et Grapinet. L’un des trublions prenait la fuite, mais décision était prise par les agents d’emmener les trois restants au poste de police de l’hôtel de ville.

Jules Idoux, vingt-sept ans, défavorablement connu de la sûreté, se rebellait et parvenait à saisir le sabre-baïonnette de l’agent Lucas, et à prendre la fuite sur près de trois cents mètres.

Rattrapé sur la Place Victor-Hugo, face au n°46, Idoux fit volte-face et porta aussitôt trois coups de sabre dans le flanc droit de l’agent Lucas, qui s’écroulait agonisant. Dans le même temps, l’agent Chaurand portait un coup de sabre au bras meurtrier, en vain. Ce dernier s’échappait de nouveau.

Le sergent de ville Pierre-Marie Lucas, trente-neuf ans, fut transporté grièvement blessé jusqu’à la caserne Charras, mais le malheureux, qui avait perdu beaucoup de sang, mourut quelques instants plus tard.

Identifié sans difficulté, un dispositif était mis en place au domicile du meurtrier, 26 rue Louis-Blanc. Idoux fut interpellé par des agents en bourgeois au pied de l’immeuble alors qu’il était toujours porteur du sabre ensanglanté. Après complet dégrisement, il se dit amnésique à cause des effets de l’alcool.

Le 7 janvier 1895, la cour d’assises de la Seine condamne Idoux à quinze ans de travaux forcés en colonie pénitentiaire de Guyane Française, et à 20 ans d’interdiction de séjour en France, pour coups et blessures avec arme ayant entrainés la mort sans intention de la donner. Le 27 octobre 1898, Idoux parvient à s’évader du camp de travail et ne sera jamais repris.

Biographie

Direction d'emploi

Préfecture de Police

Corps

Encadrement — Application

Type d'unité

Unité de Voie Publique — Service Général

Né le 12 avril 1855 au lieu-dit Penquer-Lescloëden de Plouigneau (Finistère) ; marié et père d’une petite Jeanne, âgée de huit ans.

Pierre-Marie Lucas s’engagea le 17 février 1876 dans les équipages de la flotte ; libéré le 20 février 1881 comme matelot de 2e classe, fusilier breveté de 2eme classe.

D’abord employé à la Compagnie du chemin de fer de l’Ouest, il demanda son admission dans le personnel de la Préfecture de police et fut nommé, le 13 mars 1882, sergent de ville de 2e classe au commissariat de la circonscription des Lilas.

Le 25 mai 1884, l’agent Lucas fit preuve de courage et de dévouement et eut sa tunique déchirée en arrêtant, malgré la plus vive résistance, un individu qui s’était livré à des voies de fait sur la personne du commissaire de police des Lilas pendant la fête communale. Il reçut à cette occasion les félicitations de ses chefs.

Promu sur place, le 1er octobre 1885, à la 1re classe de son grade, cet agent fut, sur sa demande, attaché au commissariat de police de Courbevoie. Avant sa mort, il était par ailleurs proposé au grade de sous-brigadier.

Inhumés le 11 octobre 1894, dans une concession temporaire au cimetière de Courbevoie, les restes de ce malheureux agent furent exhumés au mois de juin 1895 et déposés sous le monument élevé aux Victimes du devoir, dans le même cimetière, par la municipalité de cette commune.

Sources et références

Conseil municipal de la ville de Paris, rapports et documents, année 1913, p.138.
Dossier individuel de bagne FR ANOM COL H 3944
L’Intransigeant du 09/01/1895, “Tribunaux : la mort de l’agent Lucas”
Le XIXème Siècle du 09/10/1894, “Un sergent de ville assassiné”

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