Mémorial des Policiers français Victimes du Devoir

« Il y a quelque chose de plus fort que la mort,
c’est la présence des absents dans la mémoire des vivants. »

Jean d’ORMESSON

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Sous-Brigadier

Alfred COLSON

Victime du Devoir le 30 novembre 1893

Département

Paris (75)

Affectation

Service de la Sûreté (1832-1913)

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Circonstances

Cause du décès

Homicide par arme blanche

Contexte

Interpellation(s) d'individu(s)

Tôt dans la matinée du mercredi 29 Novembre 1893, deux inspecteurs de la sûreté procédaient à une surveillance discrète du bureau de poste situé à l’angle des Rues Etienne-Dolet et Julien-Lacroix à Paris (XXe).

Les policiers espéraient mettre la main sur un dénommé Olivier Poulain, vingt-et-un ans ans, identifié comme étant l’auteur d’un vol aggravé, et recherché par le parquet d’Angoulême.

Fiché au bulletin criminel comme anarchiste actif réfractaire à la loi militaire, Poulain demandait à un complice de récupérer des correspondances adressées à son nom.

Le complice, Edmond Marpaux, vingt-sept ans, était également recherché par la sûreté pour des dizaines d’escroqueries, abus de confiance et vols qualifiés. Fiché comme anarchiste convaincu et dangereux, réfractaire au salariat, il était membre de la ligue anti-patriotes et anti-propriétaires ; il enchainait jusqu’alors les impayés de baux souscrits sous de fausses identités.

Marpaux écoulait désormais pour le compte de la bande à Poulain les recels issus des cambriolages. Déterminé à ne pas se laisser prendre, ce dernier fit l’acquisition quinze jours plus tôt d’un couteau à virole dans une brocante de Belleville, qu’il destinait “à dégringoler du flic”.

Alors que ce dernier se présentait au guichet, Poulain restait en retrait à l’extérieur pour faire le guet. A l’intérieur de la poste, les policiers expérimentés répéraient la manoeuvre. Ne souhaitant pas intervenir en lieux clos, ils s’accordèrent à surprendre le suspect à l’extérieur.

L’inspecteur Froger quittait le premier le bureau, et appréhendait Poulain après une brève poursuite. Dans le même temps, l’inspecteur Colson emboitait le pas à Marpaux et le saisissait au collet. Mais ce dernier le poignardait aussitôt à deux reprises. Le policier eut encore la force de le poursuivre plusieurs dizaines de mètres mais il faiblit et s’écroulait à l’aplomb de l’église Notre-Dame-de-la-Croix.

Alertés par ses hurlements, l’inspecteur Froger relâchait Poulain et poursuivit Marpaux. Des parisiens courageux l’assistèrent et portaient également secours au blessé.

Marpaux fut interpellé sans retenue Rue des Panoyaux avec l’aide de gardiens de la paix du poste de police se trouvant à proximité immédiate.

L’inspecteur Colson fut transporté agonisant à l’hôpital Tenon, salle Seymour. MM. Goron et Guillaud, respectivement chef de la sûreté et commissaire de police du commissariat de Charonne se rendaient aussitôt sur place.

Ils découvraient le chapeau et le parapluie de la victime, mais également dans l’enceinte de l’église l’arme ensanglantée dont s’était débarrassée Marpaux : un couteau de chasse à manche en forme de cerf, à la lame courte et forte, se refermant au moyen d’un ressort muni d’un anneau d’acier.

On retrouve Rue des Pannoyaux les correspondances incriminantes. En outre, le meurtrier était détenteur d’un calepin contenant des formules chimiques destinées à fabriquer de la poudre fulminante.

Le préfet de police Lépine se rendait au chevet de l’inspecteur Alfred Colson, trente ans, dont l’état était désespéré. Touché sous la clavicule gauche, la pointe du couteau lui avait perforé un poumon, créant un épanchement important rendu inopérable.

Le préfet lui remit la médaille d’Or de 1re classe des actes de courage et de dévouement et l’informait qu’il était promu à titre honoraire au grade de sous-brigadier. Il rendait son dernier râle dans l’après-midi.

Le 27 février 1894, la cour d’assises de Seine condamna Marpaux aux travaux forcés à perpétuité en colonie pénitentiaire de Guyane pour assassinat. Le 21 octobre de cette même année, il fut tué lors de la mutinerie anarchiste des forçats de l’île du Salût. Poulain fut condamné à huit ans de travaux forcés, jugé en même temps que sept complices pour vols qualifiés.

Biographie

Direction d'emploi

Préfecture de Police

Corps

Inspecteurs — Enquêteurs

Type d'unité

Unité d'Investigation et de Recherche

Né le 22 janvier 1863 à Paris (6e arrondissement) ; époux de Delphine Rémy et père d’un enfant prénommé Pierre. Domicilié Rue Saint-Antoine, n°170.

Admis en 1874, comme enfant de troupe au 113e régiment de ligne, il y contracta, le 22 janvier 1881, un engagement volontaire. Libéré du service actif le 22 janvier 1886, avec le grade de sergent-major. Entré le 1er août 1888 à la Préfecture de police en qualité d’inspecteur au service de sûreté, il fut, à son lit de mort, nommé sous-brigadier ; considéré comme l’un des meilleurs agents du service.

Inhumé le 4 décembre suivant,au cimetière du Montparnasse, dans le tombeau des Victimes du devoir de la Préfecture de police.

Sources et références

Conseil municipal de la ville de Paris, rapports et documents, année 1913, biographie de COLSON Alfred Aimé. Photo sublimée et colorisée via My Heritage. Le Rappel du 01/03/1894, “Marpaux en cour d’assises, l’assassinat de l’inspecteur Colson” — Le Petit Journal du 28/02/1894, “L’anarchiste Marpeaux” — La Justice du 28/02/1894, “Journal du Palais, une préface à l’affaire Marpeaux” — Le Matin du 01/12/1893, “Meurtre d’un agent de la sûreté”

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