Mémorial des Policiers français Victimes du Devoir

« Il y a quelque chose de plus fort que la mort,
c’est la présence des absents dans la mémoire des vivants. »

Jean d’ORMESSON

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Gardien de la paix

Henri VERJUS

Victime du Devoir le 23 septembre 1931

Département

Paris (75)

Affectation

Préfecture de police - Paris - 13ème arrondissement

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Circonstances

Cause du décès

Homicide par arme blanche

Contexte

Interpellation(s) d'individu(s)

Au cours de la nuit du mardi au mercredi 23 septembre 1931, trois agents cyclistes du commissariat central du 13ème arrondissement de Paris avisèrent deux individus en train de rouer de coups un troisième gisant au sol, dans la rue Samson. Les policiers mettaient rapidement un terme au lynchage.

Joseph Lanio et Marcel Bougo, vingt-sept ans tous deux, prétextaient aussitôt que leur victime avait tenté de les voler ; propos corroborés par deux jeunes femmes indiquant avoir été agressées quelques instants plus tôt par les deux premiers.

Suspectant une rixe sur fond de proxénétisme, les policiers décidaient d’emmener tout le monde au poste de police le plus proche pour démêler l’affaire. Alors qu’ils atteignaient la rue Bobillot, Bougo porta un violent coup de poing à l’un des agents, prit la fuite et fut aussitôt rattrapé.

Lanio fit de même, et fut poursuivi jusque dans la sinistre impasse de la Cité des Artistes ; une voie formée d’habitations précaires et de dédales obscurs (actuel passage de la rue Jonas).

Premier à entrer dans l’impasse, le gardien de la paix Henri Verjus, trente-huit ans, voulut ceinturer Lanio qui se laissa sournoisement approcher, tout en saisissant d’un couteau. Ce dernier porta une violente estafilade au cou du policier, le blessant mortellement.

Son collègue assena plusieurs coups avec la crosse de son arme de service à la tempe du meurtrier, qui tomba assommé.

L’enquête détermina que Lanio et Bougo étaient d’anciens marins bretons déjà condamnés, qui vivaient du produit de leurs attaques nocturnes à Paris. Le juge d’instruction, M. Saussier, ouvrait une information judiciaire pour homicide volontaire sur agent de la force publique.

Lanio et Bougo furent condamnés tous deux par le tribunal correctionnel de Paris à six mois de prison pour coups et blessures dans le cadre de la première agression. Pour sa défense, Bougo prétextait que pour obtenir les faveurs de la gente féminine, les coups étaient parfois nécessaires.

Le 26 mai 1932, la cour d’assises de la Seine condamne Lanio à la peine de mort pour le meurtre de l’agent Verjus ; il fut gracié par le chef de l’État le 18 septembre suivant, et la peine capitale commuée aux travaux forcés à perpétuité.

Le 24 octobre 1933, profitant d’un transfert à La Rochelle, Lanio tenta une évasion dans laquelle un gendarme fut grièvement blessé.

Le 7 décembre suivant, alors qu’il se trouvait sur le navire La Martinière à destination de la colonie pénitentiaire de Guyane française, Lanio fut à l’origine d’une mutinerie qui se soldait par la mort d’une soixantaine de forçats.

Enfin, le 25 avril 1934, comme il l’avait déjà fait à bord du navire, Lanio fomenta une nouvelle tentative d’évasion en provoquant une révolte de forçats parmi lesquels il s’était forgé une redoutable réputation.

Il n’hésita pas à tuer une sentinelle et prit en otage la famille du chef de camp pour quitter l’Île Royale en bateau. Après une lutte acharnée entrecoupée de fusillades, Lanio fut finalement abattu dans les eaux de l’Atlantique.

Biographie

Direction d'emploi

Préfecture de Police

Corps

Encadrement — Application

Type d'unité

Unité de Voie Publique — Service Général

Titres et homologations

Citation à l'Ordre de la Nation

Croix de la Légion d'Honneur

Né le 10 mai 1892 à Fort-de-Plasne (Jura) de Félix Verjus et Marie Monnet ; marié et père d’une jeune fille ; domiciliés N°21 rue de la Pointe-d’Ivry à Paris (XIIIe).

Fils de policier, Henri Verjus entra à la Préfecture de police le 12 mars 1919 après huit années de services militaires. Mobilisé pendant la grande guerre, il fut blessé trois fois au combat, notamment par les gaz.

Cité à l’ordre de la nation ; nommé au grade de Chevalier de la Légion d’Honneur ; médaille militaire ; Croix de guerre et médaille commémorative du Maroc ; médaille d’Honneur de la Police française ; médaille d’or des actes de courage et de dévouement, décernée sur son lit de mort par le Préfet de Police Pierre Laval.

Sources et références

Paris-Soir du 13/07/1934 “Lanio […] a été abattu au bagne au cours d’une tentative d’évasion” — L’intransigeant du 09/12/1933 “Au large d’Alger : une mutinerie à bord de La Martinière” — Paris-Soir du 28/10/1933 “Les évadés de Fontevrault ont été repris” — L’Echo du 27/05/1932, “Le procès de Joseph Lanio qui égorgea l’agent Verjus” — Le Parisien du 26/05/1932 “Lanio devant le jury” — Le Petit Journal du 24/09/1931, “Le drame de la Maison-Blanche” —

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